Description
Edition originale et premier tirage d’Agésilas de Corneille.
« Il a fallu attendre le XXe siècle pour voir cette pièce appréciée à sa juste valeur.
Elle porte la délicatesse des sentiments à un point jamais atteint jusque-là » (Dictionnaire des Œuvres).
Très bel exemplaire conservé dans son vélin de l’époque.
______________________________
Corneille, Pierre. Agésilas, Tragédie. En Vers libres rimez.
Rouen, et se vend à Paris, Thomas Jolly, 1666.
In-12 de (2) ff., 88 pp., (1) f., (1) f. bl.
Vélin ivoire, titre calligraphié au dos. Reliure de l’époque.
147 X 84 mm.
Edition originale et premier tirage d’Agésilas de Corneille.
Tchemerzine, II, 575 ; Le Petit, 186 ; Rochebilière, 50 ; Picot, 85.
« Il existe des exemplaires de cette édition avec la date de 1667 et de 1668 ».
En 1666, Corneille tout juste sexagénaire fait jouer une pièce qui, de son propre aveu, « s’écarte du chemin battu ». Il s’agit en effet d’une tragédie où non seulement nul ne meurt et dont le dénouement est quadruplement heureux, mais encore d’une tragédie gaie, enjouée, mutine parfois. Et le dépaysement dut être d’autant plus grand pour un public dont l’oreille était accoutumée aux cadences régulières du vers alexandrin que cette tragédie totalement atypique était composée en vers libres !
En mettant sur le théâtre l’histoire du roi de sparte Agésilas, Corneille crut pouvoir renouveler le succès de ses premières tragédies, grâce à une innovation qui dut paraître hardie. Il abandonna l’alexandrin uniforme et n’employa que les vers libres mêlés. « La manière dont je l’ay traitée, dit-il dans son avis Au Lecteur, n’a point d’exemple parmy nos François, ny dans ces precieux restes de l’antiquité qui sont venus jusqu’à nous, et c’est ce qui me l’a fait choisir ». L’espoir du poète fut malheureusement déçu ; le public ne prit aucun goût à la nouveauté. « La novation va toujours à contre-courant des habitudes prises et du confort intellectuel ; elle est dérangeante par nature et le public n’aime pas à être dérangé » (Simone Dosmond).
Robinet, dans sa Lettre en vers Madame du 6 mars 1666 fit pourtant l’éloge d’Agésilas.
La première représentation avait dû avoir lieu à l’Hôtel de Bourgogne en février 1666.
« Le public fut dérouté par cette tragédie si peu tragique écrite non en alexandrins mais en vers alternés, où l’enjeu politique n’a jamais été aussi étroitement lié aux intrigues amoureuses. Il a fallu attendre le XXe siècle pour voir cette pièce appréciée à sa juste valeur : une œuvre de recherche remarquablement construite. Elle porte la délicatesse des sentiments à un point jamais atteint jusque-là » (Dictionnaire des Œuvres).
Très bel exemplaire conservé dans sa reliure en vélin de l’époque.