Description
Les Mémoires de Castelnau,
témoignage essentiel sur les affaires européennes
au cours des guerres de religion.
Somptueux exemplaire en maroquin de l’époque,
à dentelle et aux armes de Jean de la Vieuville,
ambassadeur de l’Ordre de Malte en France.
VENDU
Castelnau, Michel de. Les Mémoires de Messire Michel de Castelnau Seigneur de Mauvissiere, illustrés et augmentés… par I. Le Laboureur conseiller et Aumônier du Roi.
Paris, Pierre Lamy, 1659.
2 volumes in-folio de : I/ (12) ff., 81 pp., (1) p., 900 pp. (mal chif 907), (6) ff. de table et 2 portraits ; II/ (1) f., 903 pp. (mal chif. 909), (1) f., 125 pp., (6) ff. et 1 portrait.
Maroquin rouge, large dentelle dorée d’encadrement sur les plats formée de la juxtaposition de 3 roulettes dont l’une fleurdelysée, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, roulette dorée sur les coupes et intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque.
405 x 265 mm.
Seconde édition en partie originale, très augmentée.
La meilleure édition des Mémoires de Michel de Castelnau (1520-1592) diplomate de haute volée qui servit la couronne de France du règne d’Henri II à celui d’Henri IV.
L’édition est ornée de 2 très beaux portraits à pleine page, celui de Michel de Castelnau, très encré, par De la Roussière et celui de Jacques de Castelnau, qui fit éditer ces Mémoires, par Nanteuil.
Ce fut sur cette édition que fut établie la réédition des Mémoires, réalisée par Claude-Bernard Petitot en 1823.
« Dans une France déchirée par les guerres de religion et les passions partisanes, des gentilshommes pour qui le métier des armes est une vocation conforme aux exigences traditionnelles de leur ordre, ont élevé la voix pour dénoncer les méfaits de la guerre, vanter la paix et l’appeler de leurs vœux. Michel de Castelnau (1520-1591) a passé une bonne partie de sa vie à guerroyer. A cette expérience de la vie militaire, Castelnau joint celle de la diplomatie à laquelle l’avait préparé une excellente éducation perfectionnée par ses voyages et ses visites à diverses cours d’Europe.
Il a joui de la confiance des rois de France, Henri II, Henri III, puis Henri IV, des reines, Catherine de Médicis et Marie Stuart, mais aussi de la reine d’Angleterre. Il a écouté et conseillé des chefs d’état ou des chefs d’armée et sillonné l’Europe pour s’acquitter des missions très diverses que lui confièrent des souverains français ou étrangers.
Ses Mémoires, « discours des choses que j’ai veues et maniées en France et hors le royaume » déclare-t-il, relatent les évènements les plus marquants des trois premières guerres de religion. Ils débutent en 1559, à la mort d’Henri II et s’achèvent sur la paix de Saint-Germain en 1570. Castelnau se déclara ouvertement contre la Ligue dont les soldats ravagèrent ses terres. Partisan et compagnon d’Henri IV, il mourut avant de le voir vainqueur et affermi sur le trône » (Gabriel-André Pérouse).
Grand diplomate et chargé de missions en Europe par les monarques successifs, Castelnau intervint avec une rare lucidité et une grande acuité des événements, dans cette période troublée des guerres de religion au cours des règnes de Henri II, François II, Charles IX, Henri III et au début du règne de Henri IV.
A la mort de Charles IX, Henri III nomma Castelnau ambassadeur à Londres pour essayer d’endiguer l’influence de la cour de Londres sur les protestants de France – Castelnau y demeura plusieurs années. Elisabeth dont il contrariait quelquefois les desseins lui rendait pleine justice. Elle alla jusqu’à écrire à Henri III : « Castelnau est digne de manier une plus grande charge ».
Le séjour qu’il fit en Angleterre fut la seule époque de sa vie où il put jouir de quelque repos ; ce fut là qu’il composa ses Mémoires pour l’instruction de son fils. Son dessein était d’embrasser tous les évènements dont il avait été témoin.
« Castelnau était un homme d’Etat distingué dont on lit les Mémoires avec beaucoup d’utilité »
(J. de La Porte, Nouvelle bibliothèque d’un homme de goût).
« Castelnau, dans un âge avancé, partagea longtemps les périls de Henri IV. Ses mémoires sont le monument historique le plus instructif de cette époque : l’auteur ayant été employé dans presque toutes les grandes affaires les présente sous leur véritable point de vue et en dévoile souvent le secret. Il excelle surtout à peindre l’esprit du temps et, tout en développant les doctrines dangereuses des nouveaux sectaires il ne dissimule pas les torts des catholiques dont il a embrassé le parti. Sa narration est élégante, claire et précise, qualités trop rares dans les écrivains du seizième siècle ; et par la sagesse ainsi que par la profondeur de ses observations il mérite d’être placé à côté de Philippes de Comines. »
(Petitot, Collection des mémoires, XXIII).
Un passage des Mémoires (p. 80) met en situation la reine recevant la Planche serviteur du Maréchal de Montmorency « lequel étant arrivé fut interrogé par la Royne Mere du Roy dedans son cabinet, pour savoir ce qu’il jugeait de l’Etat des affaires de la France, le Cardinal de Lorraine étant caché derrière la tapisserie… ».
La scène rappelle fortement celle de « la tapisserie d’Arras » dans Hamlet de Shakespeare.
Hamlet aurait été représentée entre 1598 et 1601 ; les Mémoires de Castelnau avaient été rédigées vers 1592.
« Ses Mémoires sont le monument historique le plus instructif de cette époque : l’auteur, ayant été employé dans presque toutes les grandes affaires, les présente sous leur véritable point de vue, et en dévoile souvent le secret. Il ne se livre à aucune déclamation, garde la mesure la plus parfaite, et se montre toujours sage, sans être jamais indifférent. Il excelle surtout à peindre l’esprit du temps ; et, tout en développant les doctrines dangereuses des nouveaux sectaires, il ne dissimule pas les torts des catholiques, dont il a embrassé le parti. Sa narration est élégante, claire et précise, qualités trop rares dans les écrivains du seizième siècle ; et, par la sagesse ainsi que par la profondeur de ses observations, il mérite d’être placé à côté de Philippes de Commines, qu’il paraît avoir pris pour modèle ».
Somptueux exemplaire, immense de marges, relié à l’époque en maroquin rouge à dentelle pour Jean de la Vieuville bailli de l’Ordre de Malte et ambassadeur de de l’ordre de Malte en France dont il porte les armes frappées or sur les plats. Olivier-Hermal, pl 718.