Description
Édition originale de La Sagesse de Charron
conservée dans son maroquin ancien décoré
attribué à Pierre Rocolet, actif dès 1638.
L’exemplaire Guy Pellion cité par Tchemerzine.
Charron, Pierre. De la Sagesse. Livres trois.
Bordeaux, Simon Millanges, 1601.
In-8 de (10) ff., 768 pp. (mal chif.772), (4) ff. de table.
Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, double filet or sur les coupes, tranches dorées.
Reliure de luxe parisienne attribuée à l’atelier Pierre Rocolet actif dès l’année 1638.
154 x 98 mm.
Édition originale « De La Sagesse » de Charron (1541-1603), son œuvre majeure, analysée par Sainte-Beuve comme l’édition didactique des Essais de Montaigne.
Tchemerzine, II, 253 ; Brunet, I, 1810 ; Graesse, II, 123 ; Rahir, Bibliothèque de l’amateur, p.365.
« De la Sagesse » prolonge « Les Essais » de Montaigne dont Charron avait été le disciple et l’héritier.
Les Trois livres de la Sagesse parurent à Bordeaux en 1601. Ils composent un vaste traité de philosophie morale.
« Charron probably considered Montaigne’s brilliant insights wasted in the disorder of the Essays and hoped that the regular plan of his own Wisdom would preserve them. Many readers felt this way; and for two third of century the two works were equally popular. » (D. M. Frame, Montaigne).
« « La Sagesse » marque, au début du XVIIe siècle, un premier effort en vue de mettre de l’ordre dans les idées. Charron annonce Bacon, Descartes et Pascal. » (M. P., Dictionnaire des Lettres françaises).
Il avait fait graver sur sa maison la devise du scepticisme : je ne sais.
Il est exact que Charron a profité de l’expérience de Montaigne.
Il pensait d’ailleurs en avoir le droit puisque Montaigne lui-même l’avait fait son héritier.
Par son esprit clair et synthétique, il annonce déjà les moralistes du XVIIème siècle et tout particulièrement le traité les « Passions de l’âme » de Descartes.
« Charron a eu les mêmes admirateurs et les mêmes adversaires que Montaigne, et la fortune de « La Sagesse » ressemble assez à celle des « Essais ». Traduite en italien, en anglais, en allemand, elle a eu en France, 49 éditions de 1601 à 1672 » (M. Dreano).
De 1576 à 1594, Pierre Charron (1541-1603) réside le plus souvent à Bordeaux, ce qui lui donne l’occasion de lier connaissance avec Montaigne. Pendant que celui-ci rédige l’Apologie de Raimond Sebond à la demande d’une reine qui semble bien être Marguerite de Valois, Charron prêchait à la cour de Nérac devant la même Marguerite.
Le maître et le disciple se regardaient comme membres d’une même famille.
Condamné par le Parlement, l’Université et les Jésuites dès sa parution en 1601, L’ouvrage de Charron devint, pour les libertins, le bréviaire de la libre pensée.
Il est déjà cité en 1645 par Gabriel Naudé parmi les livres les plus rares.
Provenance : Bibliothèque Guy Pellion, avec ex-libris ; ex-libris manuscrit sur la page de titre.
Il porte sur la page de garde cette annotation manuscrite du XVIIe siècle : « Cette édition est fort estimée, parce qu’elle renferme plusieurs pages qui ont été supprimées ou adoucies dans l’édition de Paris, 1604, publiée après la mort de l’auteur. 4 à 6 fois plus cher en maroquin rouge ».
Précieux exemplaire, cité par Tchemerzine, l’un des rarissimes conservé dans sa reliure en maroquin décoré issue de l’un des plus brillants ateliers parisiens du XVIIe siècle, celui de Pierre Rocolet, actif dès 1638.
Il mesure 153 mm contre 151 mm pour le bel exemplaire Lindeboom (1925, n°172).