Description
Édition originale de l’un des chefs-d’œuvre de Corneille.
« Avec Cinna, Corneille a enfin conquis la double approbation
qui lui faisait défaut depuis la querelle du Cid »
(Dictionnaire des Œuvres).
Corneille, Pierre. Cinna ou la clémence d’Auguste. Tragédie.
Paris, Toussainct Quinet, 1643.
In-4 de (8) ff., 110 pp., (1) f. bl.
Maroquin citron, dos à nerfs, titre et date dorés au dos, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Bound by Rivière & son.
222 x 163 mm.
Rare édition originale de ce chef-d’œuvre de Corneille, « longtemps considéré comme la meilleure pièce de l’auteur » (Georges Forestier).
Elle est ornée d’un beau frontispice gravé daté 1643 représentant les conjurés implorant la clémence d’Auguste.
Tchemerzine, II, 544 ; Picot, n°20 ; Le Petit, pp.154-156 ; Rahir, Bibliothèque de l’amateur, 379 ; Picot, Catalogue Rothschild, II, n°1145.
« Cinna rencontre un accueil unanime aussi bien auprès du public que des doctes. Pour mesurer la répercussion de la pièce il n’est qu’à lire la lettre que Guez de Balzac, véritable autorité dans le monde des lettres, adresse à Corneille le 17 janvier 1643 : « Votre Cinna guérit les malades, il fait que les paralytiques battent des mains, il rend la parole à un muet » (F. Wolf).
Tragédie politique, Cinna est, de toutes les pièces de Corneille celle qui après le Cid a fait le plus de bruit. Son succès fut extraordinaire. La préférence accordée à Cinna sur tous les autres chefs-d’œuvre de Corneille ne s’explique pas seulement par les beautés de la pièce dont le style atteint un haut degré de perfection. Les contemporains y voyaient une allusion à l’esprit frondeur de l’époque : ils y entendaient discuter sur la meilleure forme de gouvernement ; la gloire attachée au courage des conspirateurs ne pouvait manquer de leur plaire ; ils sympathisaient avec les conjurés…
Avec Cinna commence ce qui caractérisera la plupart des tragédies cornéliennes. Tandis que l’amour triomphait dans le Cid, qu’il luttait dans Horace, dans Cinna il est réduit à se contenter du second rang, il est « subordonné à quelque grand intérêt d’Etat, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l’amour, telles que sont l’ambition ou la vengeance » (Discours du poème dramatique).
Depuis Cinna, Corneille passait incontestablement pour le plus grand poète dramatique.
C’est ce que Boileau, sans sa septième épître exprime dans les vers suivants :
« Par les envieux un génie excité
Au comble de son art est mille fois monté ;
Plus on veut l’affaiblir, plus il croît et s’élance :
Au Cid persécuté Cinna doit sa naissance. » (C. This).
« Cinna, écrivait un contemporain en septembre 1642, « donne de l’admiration à tout le monde : c’est la plus belle pièce qui ait été faite en France, les gens de lettres et le peuple en sont également ravis, elle est aussi belle que celle de Sénèque ». On ne saurait trop souligner l’importance de la mention explicite « les gens de lettres et le peuple » : avec Cinna, Corneille a enfin conquis la double approbation qui lui faisait défaut depuis la querelle du Cid. Cinna fut longtemps considéré comme la meilleure pièce de Corneille. » (G. Forestier, Dictionnaire des Œuvres).
Précieux exemplaire, à belles marges, relié par Rivière & son en maroquin citron janséniste.