Description
Edition Princeps commentée de 1468 de la Cité de Dieu, le chef-d’œuvre de Saint Augustin.
Précieux exemplaire Estelle Doheny adjugé $ 103 500 le 14 décembre 2001 à New York, il y a 22 ans.
Strasbourg, Johann Mentelin, 1468.
Augustin d’Hippone – Saint Augutin (354-430). De Civitate Dei.
(Comm : Thomas Waleys and Nicolaus Trivet). [Strassburg : Johann Mentelin, not after 1468.]
[Strasbourg, Johann Mentelin, pas après 1468].
Deux parties en un volume in-folio, (335) ff [a-e10 f8 g-r10 s8 t-z10 A10 B-C8 D-K10 L8 M5]. 2 colonnes, 47 lignes (partie I : texte) et 57 lignes (partie II : commentaire), types 2:112 (texte) et 5:92 (commentaires).
Maroquin bleu nuit janséniste sur ais larges, dos à nerfs plats, titre doré, triple filet doré sur les coupes, contreplats bordés et ornés d’un encadrement de triple filet doré, tranches dorées (reliure anglaise non signée attribuable à Charles Lewis, ca 1835).
390 x 294 mm.
Edition princeps avec commentaire et seconde édition parue un an après celle de Sweynheim et Panartz.
H 2056*; Pell 1554 ; Oates 75 ; IGI 975 ; Pr 201, 202 ; BMC I 52 (IC 513-514) ; GW 2883.
Célèbre et rarissime édition Johann Mentelin de La Cité de Dieu, le chef-d’œuvre de Saint Augustin, imprimée dès l’année 1468 à Strasbourg, première édition accompagnée du commentaire médiéval des dominicains anglais professeurs à Oxford Thomas Waleys (1318-1349) et Nicholas Trevet (1297-1334) qui est ici en édition princeps.
L’édition de Mentelin est la première à fragmenter la présentation de la table : elle donne les sommaires des livres XIXXXII en tête de chacun de ces quatre livres (G. Bardy, Introduction aux Œuvres de Saint Augustin, Desclée de Brouwer, p. 50) et constituera le modèle de référence pour les éditions suivantes de la Cité de Dieu jusqu’à celle d’Amerbach en 1494.
Mentelin, qui donne en l’espace de 5 ans les autres textes majeurs de l’évêque d’Hippone – le De arte praedicandi en 1466, l’édition princeps des Confessions en 1470 et les Epistolae en 1471 – est donc le premier grand éditeur de saint Augustin.
L’édition est sans date, comme la plupart des éditions de Mentelin et le terminus est fourni par trois exemplaires avec une date de rubrication de 1468 (dont ceux de Chantilly et de la John Rylands library, rubriqués par Bämler en 1468). Elle est en deux parties, les 252 premiers feuillets recueillant le texte de l’évêque d’Hippone, les 84 suivants le commentaire. Mentelin utilise pour le texte son type 2b, très proche des caractères de la Bible de 1460 ; et des caractères plus petits, apparus en 1463, pour le commentaire.
Quatre grandes capitales peintes aux couleurs vives (rouge et verte) ouvrent les quatre premiers livres du texte de saint Augustin.
Part 1 with 26 6- & 7-line illuminated initials with penwork infill & extensions in green, red & blue ; 3-line initials in red with extensions ; rubricated 2-line incipit, book headings & 10-line rubricator’s note dated 30 July 1476 at Eichstaett. Part 2 with 8-line illuminated initial in blue with red penwork infill & extensions ; 3- to 7-line initials illuminated in red, blue & green with penwork infill & extensions ; rubricated 3-line incipit & book headings, etc.
Interprétations de 1’œuvre.
« Sur la nature précise de l’ouvrage, les commentateurs s’accordent aujourd’hui à le considérer « non comme un traité de théorie politique, mais comme l’expression d’une philosophie de l’histoire, qui s’efforcerait de cerner un dessein divin dans le cours des événements » (Henry Chadwick). Augustin s’y révèle exégète, philosophe et théologien et s’inspire tour à tour de la Bible, de Cicéron, de Varron, d’Eusèbe, en remontant à Platon, Porphyre et Plotin. Il offre une vision théologique de l’histoire de l’humanité, de l’histoire du péché et du salut, du bonheur et du malheur. L’ouvrage est qualifié de « théologie de l’histoire » par Henri Irénée Marrou, ou de façon encore plus concise de « traité de la religion » par Goulven Madec.
Les destinataires de La Cité de Dieu sont les intellectuels, contemporains d’Augustin, non convertis au christianisme, même si l’auteur donne parfois trop l’impression de s’acharner sur un « paganisme de bibliothèque », tel un rhéteur, brillant et prolixe, Augustin passe de la polémique à une démonstration dogmatique : après sa « démolition du paganisme », il entreprend de montrer que seul le christianisme propose la vérité qui satisfait le cœur et l’intelligence, étant le chemin qui libère du mal et de la misère.
Au Moyen Age, on s’est réclamé de cet ouvrage pour justifier la primauté pontificale (de Grégoire VII à Boniface VIII), alors qu’Augustin ignore la théocratie et ne dit nulle part que la puissance impériale ait été dévolue à l’Église. Il a toujours reconnu la légitimité et l’autonomie du politique. Jusqu’à une date récente pourtant, il y eut des historiens catholiques pour justifier l’augustinisme politique, affirmant, tel Arquillière « qu’il a permis aux papes de sauver la chrétienté de la mortelle emprise des souverains allemands ».
Bossuet, le grand théoricien de l’absolutisme royal, a lui aussi défendu les thèses de l’augustinisme politique, dans sa Politique tirée de l’Écriture sainte et son Discours sur l’histoire universelle. Il a induit en erreur de nombreuses générations qui ont mal interprété, en partie à cause de lui, La Cité de Dieu… »
Provenance : Marginalia à l’encre par un correcteur du XVe siècle (cf. son annotation au bas du f. 252 datée : «Anno &c Ixxvij. di martis penulti[m]a Julij. Eystet.» [30 juillet 1476, Eichstatt]) ; Bibliothèque de la principauté épiscopale d’Eichstatt (inscription du XVIIe siècle en marge inférieure du premier f. : « Ad Bibl: Aul: Eystettensem») ; Edward Herbert, Earl of Powis (ex-libris) ; Estelle Doheny (ex-libris; acheté à Rosenbach, le 23 octobre 1942).
Précieux exemplaire adjugé 103 500 $ le 14 décembre 2001, il y a 22 ans, à New York.
Le dernier volume passé sur le marché européen fut vendu 175 000 € en 2017, il y a 6 ans avec les défauts suivants : Titre sali, manque de papier à l’angle supérieur, tache dans la marge supérieure du f. L7. Mouillures aux cahiers a, b, e, p, s, C, K à M. Déchirure papier dans la marge des ff. B3, G8. Travail de vers dans les marges des ff. r9 et 10. Eraflures sur les plats, compartiments en tête et en pied du dos refaits…»