Description
Edition originale de cet ouvrage dirigé contre les jansénistes.
Exemplaire de dédicace issu de l’atelier Pierre Rocolet conservé dans sa reliure de l’époque aux armes du roi Louis XIV.
Paris, Pierre Rocolet, 1661.
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Morel, Claude. Démonstration de la vérité de la religion chrétienne par Mre Claude Morel, Docteur en théologie de la Société de Sorbonne, Prédicateur ordinaire du Roy.
Paris, Pierre Rocolet, 1661
In-8 de (12) ff., 252 pp., (2) ff.
Maroquin rouge, encadrement de filets à la Duseuil sur les plats, armoiries royales frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées.
Reliure armoriée de l’époque.
180 x 116 mm.
Rare édition originale de ce texte de Claude Morel, prédicateur du roi et fervent adversaire de Port-Royal, dirigé contre les jansénistes.
Précieux exemplaire de Dédicace dédié « Au Roy » Louis XIV et revêtu d’une élégante reliure de l’époque sortant de l’atelier Pierre Rocolet en maroquin rouge aux armes du roi Louis XIV l’année même de la naissance du Grand Dauphin.
L’absolutisme repose clairement sur une monarchie de droit divin, fortement théorisée par Bossuet dans sa Politique tirée de l’Écriture sainte. Soucieux de défendre l’unité de foi de son royaume, attentif à préserver son autorité sur l’Église de France, Louis XIV n’hésite pas à s’opposer à la papauté, ni à lutter contre jansénistes et protestants. L’association étroite entre l’Église et l’État fait de toute « hérésie » une dissidence séditieuse. À son avènement, le roi est déjà très hostile aux jansénistes.
Pour réduire ces catholiques austères et pessimistes à l’obéissance, le Conseil du roi exige en avril 1661 la signature par les prêtres, les religieux et les religieuses d’un formulaire désavouant la doctrine janséniste. L’opposition à ce formulaire rencontre un écho même au sein de l’épiscopat, pourtant traditionnellement bien contrôlé par la monarchie, qui a coutume d’y placer ses fidèles. En 1668, la paix de l’Église met provisoirement fin aux controverses publiques, mais ne règle rien sur le fond.
De Charron à Pascal, on peut distinguer une forte poussée d’athéisme, de déisme et de pyrrhonisme. Les athées troublent l’opinion avec leurs négations de Dieu et de la Providence ; les déistes avec leurs négations de l’âme ; les pyrrhoniens avec leur scepticisme général. Claude Morel se fait fort de « démontrer » la foi catholique « par raison convaincante ».
Docteur de Sorbonne, prédicateur du roi en 1640 et doyen de la faculté de théologie, Claude Morel fut un adversaire passionné de Port-Royal et des jansénistes.
« Libraire jouissant de la faveur des grands, Pierre Rocolet étend son activité sur quarante-cinq années de 1618 jusqu’à 1662. Les honneurs lui vinrent facilement en 1640 il fut fait « Imprimeur ordinaire du Roi » ; en 1641 administrateur, conjointement avec le relieur Gilles Dubois, de la « Confrérie des Imprimeurs, Libraires et Relieurs » ; en 1645, « Imprimeur et Libraire ordinaire du Roi et de la Maison de Ville ».
Dès 1638 et jusqu’en 1662, il patronnait son propre atelier de reliure. De la quarantaine de volumes que j’ai trouvés qui sortaient de cet atelier, vingt-cinq étaient imprimés par lui.
Ce nouvel atelier avait acquis les fers du Maître Doreur auxquels venait se joindre un nouveau jeu, plus important, d’un dessin très élégant et très varié. Parmi les anciens fers se trouvait celui à la « petite tête » que le Maître Doreur, à ma connaissance, n’avait utilisé qu’une seule fois, sur « L’Office » de 1622 de Plantin (B.N. 2725). Chez Rocolet ce fer fut utilisé sur dix-sept volumes que j’ai pu localiser. Vers 1657 apparaissent quelques fers qui avaient appartenu à Le Gascon dont l’atelier avait disparu depuis 1653. C’est sur un Le Paultre « Dessins de Palais » de la Bibliothèque Mazarine (4807) que j’ai trouvé un grand fer ainsi qu’une roulette d’encadrement qui avaient appartenu à Le Gascon.
La clientèle de Rocolet, celle des reliures de luxe, était l’élite suprême de l’époque : la Reine, le Cardinal, le Chancelier ; aussi le docteur Marin Cureau de la Chambre, médecin capable, philosophe ingénieux et écrivain prolifique, fortement protégé par le tout-puissant Chancelier Séguier. Ses livres étaient les plus richement habillés de l’atelier et portaient les armes d’Anne d’Autriche, de Mazarin et, naturellement, du Chancelier. » (R. Esmérian).
Bel exemplaire de dédicace offert au roi Louis XIV.