Description
Édition originale de « l’un des ouvrages clefs de la crise de l’Ancien Régime »,
dû à la collaboration de Raynal, Diderot et Holbach.
Précieux exemplaire, sur papier de Hollande, orné des gravures de Eisen en état avant la lettre,
relié en somptueux maroquin aux armes de Mérard de Saint Just.
La Haye. 1774.
La première bible de l’Anti-esclavagisme, en maroquin aux armes de Mérard de Saint-Just.
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Diderot, Denis. Raynal, Guillaume Thomas. Histoire philosophique et politique des établissements & du commerce des européens dans les deux indes.
La Haye, Gosse, 1774.
7 volumes in-8, maroquin vert, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, dos lisse orné de roulettes formant faux-nerfs et de fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison en maroquin rouge, filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées.
Reliure armoriée de l’époque.
196 x 122 mm.
Edition originale de « l’un des ouvrages clefs de la crise de l’Ancien Régime ».
Une précédente édition, très écourtée, fut diffusée anonymement en 1772.
Elle est ornée de 7 superbes gravures de Eisen en état avant la lettre, gravées par Baquois, De Launay, Masquelier et Née et de 7 plans dépliants, dont 3 répétés. (Cohen, 854).
« Jésuite né dans l’Aveyron en 1753, l’abbé Raynal monta à Paris et quitta bientôt l’Église pour la Philosophie. Il collabora à l’Encyclopédie, au Mercure de France et à la Correspondance littéraire, et rédigea des travaux alimentaires ou livres de propagande, inspirés par le gouvernement français : Histoire du Stathouderat (1747), Histoire du Parlement d’Angleterre (1748) ».
« Raynal reçut commande d’une histoire de la colonisation qui aurait pu n’être qu’une compilation s’il n’avait rassemblé autour de lui une pléiade de collaborateurs.
Diderot, Holbach et Naigeon furent chargés de la partie philosophique.
Dutesta fournit les renseignements précis sur le commerce et les mœurs dans les Indes.
L’entreprise commerciale se mua ainsi en un grand traité politique et philosophique. Tels sont en effet les adjectifs qui apparaissent dans le titre de l’ouvrage, imprimé en 1770 et diffusé anonymement en 1772 : « Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes » (c’est-à-dire les Indes proprement dites ou Indes orientales, et l’Amérique ou Indes occidentales).
Une seconde édition augmentée paraît en 1774 et une troisième, signée par Raynal et radicalisée par les interventions de Diderot, en 1780.
C’est la répression et la gloire pour l’Abbé Raynal : le parlement condamne l’ouvrage, l’auteur doit s’exiler, il assume le personnage du philosophe persécuté.
« L’Histoire des deux Indes mêle de fait une banale histoire des explorations et des installations commerciales européennes dans le monde et une dénonciation parfois violente de l’esclavage et de l’exploitation des colonies par les métropoles. Les emprunts aux mémoires administratifs et aux traités antérieurs alternent avec des morceaux d’éloquence révolutionnaire, souvent dus à la plume de Diderot.
Ce montage textuel assura l’étonnant succès du traité, réédité des dizaines de fois à la fin du XVIIIè siècle, avant de sombrer dans l’oubli et d’être ressuscité par la critique universitaire depuis peu comme l’un des ouvrages clefs de la crise de l’Ancien Régime » ( En français dans le texte, n° 166).
Bel exemplaire relié en maroquin de l’époque aux armes de Simon-Pierre Mérard de Saint-Just (1747-1812), bibliophile, auteur de Fables et de Contes licencieux. Il abandonna sa charge de Maître d’hôtel du comte de Provence, futur Louis XVIII, en 1782, pour se consacrer à la littérature. Il avait adopté pour devise : « L’Honneur et l’Amour ». Resté célèbre pour la beauté de sa bibliothèque, dont il rédigea un catalogue publié en 1783 chez Didot, il avait épousé la femme de lettres Anne Félicité d’Ormoy, devenue pour lui une véritable complice littéraire. Sa fortune lui permit de faire appel aux grands relieurs de son temps.
Il déclarait : « La collection de mes livres est peu nombreuse (lorsque quelquefois on m’a fait le reproche d’avoir une si petite bibliothèque, j’ai toujours répondu : elle est encore trop grande pour ne contenir que de bons livres), mais j’ai fait en sorte de me procurer les plus beaux exemplaires des plus belles éditions, non pas des plus anciennes ».
De la bibliothèque André Bertaut (vente 1957, n° 167).
L’exemplaire jumeau de celui-ci, relié aux armes du Marquis d’Asfeld, provenance moins prestigieuse, fut vendu 35 000 € le 17 mai 2010 (Réf : Livres précieux, n° 161).