Description
Edition originale de fragments de Bataille,
enrichis de dessins originaux de Fautrier.
Très bel et rare exemplaire.
Bataille, Georges. Fautrier, Jean. L’Alleluiah (Catéchisme de Dianus).
Paris, Librairie Auguste Blaizot, 1947.
In-4 en feuilles, couvertures rempliées, 68 pp.
280 x 210 mm.
Édition originale.
18 lithographies tirées en violet de Jean Fautrier, l’une d’elles est reprise en couverture et 100 lettrines lithographiées également en violet.
Tirage unique à 92 exemplaires, celui-ci 1/20 sur Auvergne (n° 15) comprenant une suite des 18 planches gravées à l’eau-forte et avec 9 dessins originaux de Jean Fautrier exécutés à la plume et au fusain sur papier de Chine montés dans l’ouvrage, à l’encre rouge pour certains (4) et noire pour les autres (5).
En une série de préceptes amoureux, Georges Bataille tente, sous le nom de Dianus, personnage et pseudonyme qu’il utilisa à plusieurs reprises, de dresser un double portrait sans fard du plaisir et du désir. Chaque partie, intitulée » Fragment I-IX« , semble être une réponse que l’auteur donne aux questions absentes que lui aurait posées Diane Kotchoubey de Beauharnais (1918-1989), sa seconde femme, au moment de leur rencontre.
L’absence des questions accentue le côté fragmentaire du texte, et en même temps avive chacun de ses fragments, lui donnant un caractère abrupt, éclatant.
Il s’agit d’enseigner non pas la paix ou le repos, mais cette mise à nu qui, à travers l’obscénité dévoilée, remet en cause le monde et soi-même. Le but poursuivi est cet extrême où les contraires coïncident et s’annulent : le désir et le dégoût, l’horreur et la joie, la déception et l’infini, le rire et la mort. (Dictionnaire des œuvres)
L’artiste, Jean Fautrier, poursuit ici dans la veine très libre et nerveuse qui avait déjà été la sienne pour ses précédentes illustrations pour Lespugue (1942), Digne de vivre (1944), La femme de ma vie (1947) et surtout pour l’autre ouvrage de Georges Bataille, Madame Edwarda, paru deux ans auparavant chez le même éditeur. Ses croquis, presque primitifs et d’une intense vigueur, constituent autant de contrepoints aux aphorismes érotiques de Georges Bataille.
L’écriture de l’artiste, caractérisée ici par une accentuation des pleins et des déliés ajoute à la sensualité des corps dessinés.
« Après avoir été l’homme impossible que fascinait ce qu’il pouvait découvrir de plus inacceptable… Bataille élargit ses vues… et, sachant qu’un homme n’en est totalement un que s’il cherche sa mesure dans cette démesure, se fit l’homme de l’Impossible, avide d’atteindre le point où – dans le vertige dionysiaque – haut et bas se confondent, et où la distance s’abolit entre le Tout et le Rien ». (Michel Leiris).
Rare et bel exemplaire mêlant l’écriture de Bataille à l’art de Fautrier.
Bibliographie : R.M. Mason, 170-187 ; Peyré (Y.), Peinture et poésie, Gallimard, 2001, pp. 32, 135-136, 238, n° 49, ill. n° 108 ; Mason (R. M.), Jean Fautrier. Les estampes, Genève, Galerie Tendance, 1986, pp. 73-87, n° 170-187, pp. 179-180 ; […], Fautrier. 1898-1964, Musée d’art moderne de la ville de Paris, 1989, pp. 174, 183-187 et 190-191 ; Peyré (Y.), Fautrier, ou les outrages de l’impossible, Regard, 1990, pp. 361-370 ; Bataille (G.), Œuvres, NRF, La Pléiade, 2004, pp. CXVII-CXIX.