Description
Édition originale du célèbre pamphlet contre la tyrannie
De la puissance légitime du prince.
L’un des ouvrages les plus importants
dans l’histoire des idées du XVIè siècle.
Précieux exemplaire
conservé dans son vélin à recouvrement de l’époque.
Languet, Hubert. Duplessis-Mornay, Philippe. Vindiciae contra Tyrannos.
Edinburgi [Basle], 1579.
Petit in-8 de (7) ff., 236 pp., (2) ff.
Vélin souple à recouvrement, traces d’attache, titre calligraphié au dos. Reliure de l’époque.
160 x 103 mm.
Précieuse édition originale de « cet ouvrage célèbre » (Brunet) qui « fut comme le signal de l’insurrection des esprits dans l’Europe moderne contre la puissance absolue des princes. » (Analectabiblion).
STC, 15211 ; Brunet, I, 1308; Adams, L. 152; Analectabiblion, II, pp.34-39 ; PMM, 94.
Œuvre d’Hubert Languet et de Philippe Duplessis-Mornay, ce pamphlet politique contient des idées qui eurent une influence considérable et furent reprises plus tard par tous ceux qui ranimèrent la cause de la liberté et de la justice.
Sous l’apparence d’une discussion purement théologique, les auteurs émettent des propositions révolutionnaires à l’époque.
Ils analysent la liberté individuelle, le droit des peuples contre les rois et s’élèvent contre la tyrannie en admettant le régicide quelques années avant l’assassinat du Roi Henri III.
Né de la Saint-Barthélemy, c’est un des plus profonds témoignages de la lutte contre la tyrannie qui porte en lui le germe de toute la pensée constitutionnelle moderne.
Si l’ouvrage est intéressant sur le plan des idées politiques en ce qu’il fait le procès du tyran et se présente à ce titre comme un anti-Machiavel, il l’est aussi sur le plan de la philosophie juridique en ce qu’il propose, pour fonder l’autorité souveraine du prince une analyse fine et circonstanciée de l’idée de contrat.
Prenant appui sur l’exemple du peuple hébreu, les auteurs considèrent qu’il faut deux sortes d’alliances au sacre des rois : si une première alliance lie le peuple et le roi solidairement devant Dieu, une seconde alliance engage mutuellement le peuple et le monarque : le peuple, détenteur de la souveraineté, promet librement de se soumettre à l’autorité du prince, qui, en retour, lui doit sécurité et protection.
Le roi n’est roi que par l’investiture populaire.
« Ce traité très utile et digne de lecture est un pamphlet politique contre la tyrannie sur la nature du contrat qui lie réciproquement le prince et le sujet.
Il est principalement dirigé contre le traité du « Prince » de Machiavel et cette politique de perfidie et de ténèbres que les Borgia, les Rovère et le Médicis avaient, en ce temps-là, vomie de l’Italie sur le reste de l’Europe, avec l’athéisme et la débauche.
Ce traité célèbre fut comme le signal de l’insurrection des esprits dans l’Europe moderne contre la puissance absolue des princes. » (Analectabiblion, II, pp.34-39)
« Hubert Languet, French by birth but a true European, was a diplomatist. He achieved a considerable reputation as a scholar, and while at the University of Bologna read a book of Philip Melanchthon’s which so impressed him that he went to see the author and shortly afterwards became a Protestant. From then on he was an exile. As the official apologist of a Protestant court he narrowly escaped death on St Bartholomew’s Eve.
“A Counterblast against Tyrants” was probably printed at Basle, outside the jurisdiction of popes, emperors and kings, but it was prudently given a bogus imprint.
It is an eloquent vindication of the people’s right to resist tyranny, while affirming that resistance must be based on properly constituted authority. It is one of the perennial documents of anti-tyranny. » (PMM).
Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623), théologien réformé, écrivain et homme d’état français, ami d’Henri IV fut l’un des hommes les plus éminents du parti protestant à la fin du XVIè siècle.
« Mornay fut spectateur ou acteur aux grands évènements qui, de fond en comble, bouleversèrent les sociétés modernes. Il prêta l’oreille aux premiers disciples de Luther et de Calvin, vit le développement de la Renaissance, assista aux guerres civiles du XVIe siècle et entendit les cris sinistres de la Saint-Barthélemy. Après avoir été l’un des plus nobles amis d’Henri IV, il entrevit, dans sa vieillesse le despotisme de Richelieu. Il y a deux siècles Duplessis savait en politique, en morale, en sciences humaines tout ce que nous savons aujourd’hui : en diplomatie il ne savait pas moins que les hommes d’État modernes.» (J. Ambert, Duplessis-Mornay, Etudes historiques et politiques.)
Il échappe de justesse au massacre de la Saint-Barthélemy et se réfugie en Angleterre. Il prend une part active aux tentatives que firent les protestants pour relever leur cause en l’associant à celle de François d’Alençon, et se lie à Henri de Navarre, chef des Huguenots, dont il sera le principal conseiller avant que celui-ci ne devienne Henri IV roi de France.
Conscient que la cause réformée ne pourra s’imposer que sous la conduite d’un prince capable de défendre les intérêts de la religion protestante, il décide de s’engager auprès du roi de Navarre, le futur Henri IV, devenant dès 1576 son conseiller et son ambassadeur. Héritier potentiel du trône, ce prince semble idéalement placé pour devenir le champion de la cause réformée. A partir de 1583, le rôle de Mornay dans l’affirmation d’Henri de Navarre en tant que successeur crédible à Henri III apparaît considérable et peut-être méconnu.
Philippe Duplessis-Mornay a beaucoup œuvré pour le rapprochement entre le roi de France Henri III et Henri de Navarre.
C’est lui qui négocie l’accord conclu en 1589 entre le roi et l’héritier du trône. Henri de Navarre obtient Saumur, une des principales citadelles du calvinisme français avec La Rochelle et le Poitou, comme place de sûreté. Il en confie le gouvernement à son fidèle Mornay qui prend ses fonctions le 15 avril 1589. Il va en rester le gouverneur pendant trente-deux ans jusqu’au 13 mai 1621. Pendant cette période il sera la tête pensante des Protestants, le « Pape des Huguenots ».
« Mme de Mornay dit dans ses « Mémoires » que son mari, étant à Jamets en 1574, « fit en latin un livre intitulé « De la puissance légitime d’un prince sur son peuple », lequel a esté depuis imprimé et mis en lumière sans toutefois que beaucoup en ayent su l’autheur ». Il est étrange que, malgré un témoignage aussi précis, beaucoup de critiques aient attribué l’ouvrage à Hubert Languet.
M. Albert Elkan a repris le sujet et confirme que Philippe de Mornay a bien dû composer l’ouvrage. »
(Emile Picot, Catalogue J. de Rothschild, IV, 3126)
Printing and the mind of man souligne l’importance de ce recueil capital dans l’histoire des idées, subversif pour l’époque et revendiquant le droit du peuple à résister à toute forme de tyrannie :
« It is an eloquent vindication of the people’s right to resist tyranny while affirming that resistance must be based on properly constituted authority. It’s one of the perennial documents of anti-tyranny. » (PMM).
Précieuse édition originale cette œuvre essentielle de Duplessis-mornay et Languet, conservée dans son vélin à recouvrement.
Provenance : Board of Law Library Los Angeles, Co. Cal.
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