Description
Le Zéro et l’Infini, chef-d’œuvre d’Arthur Koestler.
Édition originale française ;
très bel exemplaire, l’un des 200 imprimés sur grand papier,
conservé dans son intelligente reliure réalisée par Claude Honnelaître.
Koestler, Arthur. Le zéro et l’infini. Traduit de l’anglais.
Paris, Calmann-Lévy, 1945.
In-12 de 294 pp., table.
Reliure à la bradel de toile gris souris, dos et plats de papier reprographié orné de motifs abstraits gris anthracite sur fond gris souris, pièce de titre en maroquin gris anthracite au dos, doublures et gardes de papier gris souris, tête dorée, exemplaire non rogné, couvertures et dos conservés.
Reliure de Claude Honnelaître.
185 x 117 mm
Édition originale française de ce classique sur le totalitarisme.
L’un des 200 exemplaires sur vélin blanc du Marais, seul tirage en grand papier.
« Aujourd’hui, M. Koestler nous offre un chef-d’œuvre : Le Zéro et l’Infini. Il s’agit, pour lui, de savoir si l’individu doit, quelles que soient les circonstances, se sacrifier à la communauté. M. Koestler, qui connaît la question, nous raconte l’histoire d’un procès politique. Il a une longue expérience des prisons ; il sait ce que c’est qu’un interrogatoire, qu’un procès, qu’une condamnation et même qu’une exécution… Et il nous fait profiter de son expérience. Un livre qui laisse des traces » (Henri Jeanson).
Ce roman s’inspire de l’expérience personnelle de l’auteur qui adhéra au parti communiste en 1931 et y resta huit ans. C’est un livre d’amertume et de déception. Le Zéro et l’Infini nous montre l’homme aux prises avec le Parti. Un ancien dirigeant, Roubachoff est accusé de trahison et de déviationnisme et ses propres paroles se retournent contre lui. « Le Parti n’a jamais tort, camarade. Toi et moi, nous pouvons nous tromper. Mais pas le Parti. Le Parti est quelque chose de plus grand que toi et moi et que mille autres que toi et moi. Le Parti est l’incarnation de l’idée révolutionnaire dans l’Histoire. L’Histoire ne connaît ni scrupule ni hésitation. A chaque courbe de son cours, elle dépose la boue qu’elle charrie et les cadavres des noyés ». Le Parti exécute Roubachoff parce qu’il sait que Roubachoff ne marche plus aveuglément dans le chemin de l’Histoire, mais juge son action et la condamne.
La scène historique où se noue l’intrigue du Zéro et l’Infini, son décor sanglant, c’est la Grande Terreur qui, dans la deuxième moitié des années trente, emporta l’Union soviétique dans les flots ténébreux d’un gigantesque crime de masse comme l’histoire n’en connaissait pas de précédent. Quatre années d’une épuration systématique où la révolution soviétique atteignit son zénith crépusculaire et parvint au stade ultime de sa logique criminelle. Une tragédie effroyable qui marqua le point d’achèvement d’un processus où la révolution de 1917 et l’édification du socialisme débouchèrent sur l’avènement d’une bureaucratie totalitaire et le pouvoir sans partage. Pour Koestler, c’est le plus étrange régime de terreur qu’ait connu l’histoire de l’humanité.
Très bel exemplaire, pur, conservé dans son intelligente reliure réalisée par Claude Honnelaître.
Les reliures de Claude Honnelaître et l’art subtil de cette « couturière du livre » : la modernité de ses papiers décorés, la précision des coupes et l’harmonie sans cesse repensée des couleurs. Claude Honnelaître (1929-2005) a élaboré avec les procédés de la reprographie un langage décoratif singulier dans l’art de la reliure. L’emploi de matériaux modestes donne à ses cartonnages d’encre et de papier une légèreté et une sincérité qui sont en parfaite adéquation avec l’esprit des textes.