Description
« Tacite, le plus grand peintre de l’Antiquité » (Racine).
Edition originale de la première traduction française des Œuvres de Tacite somptueusement reliée en 1585 par le relieur du roi Henri III, Clovis Eve, actif de 1584 à 1634.
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Tacitus, Cornélius (ca. 56-d. after 117 A.D.). Les Oeuvres de C. Cornélius Tacitus chevalier romain. A sçavoir les Annales …, la description des meurs et des peuples de Germanie, la vie de Iules Agricola …Le tout nouvellement mis en francois avec quelques annotations nécessaires … [par Claude Fauchet]. Paris : [Pierre le Voirrier] for Abel l’Angelier, 1582.
In-folio, maroquin havane décoré attribué au relieur du roi Clovis Eve, triple filet doré autour des plats, large motif central composé de branches de laurier et de deux grosses marguerites dorées, larges écoinçons d’angle fermés de branches de laurier, dos lisse entièrement orné de branchages dorés, tranches dorées. Reliure parisienne vers 1585.
356 x 226 mm.
Edition originale de la première traduction française due à Claude Fauchet et à Etienne de la Planche.
Les cinq premiers livres des Annales, traduits par Estienne de La Planche avaient paru pour la première fois en 1548 – les livres XI à XXII, la Germanie et la vie d’Agricola, traduits par Claude Fauchet, se trouvent ici en édition originale.
« Lorsque, dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave ou la voix du délateur ; lorsque tout tremble devant le tyran, et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. C’est en vain que Néron prospère. Tacite est déjà né dans l’Empire. » (Chateaubriand, Article du Mercure).
Clovis Eve, actif de 1584 à 1634, fut le relieur de Henri III, de Henri IV et de Louis XIII. Il disposa des deux séries de fers et d’armes gravées en 1579 et en 1583 par Philippe Damphrie, graveur général des monnaies du roi. Ce sont des indices essentiels pour l’identification de sa production. Il fut l’un de ceux qui assurèrent la vogue du décor à semé (on citera, par exemple, les reliures pour les membres de l’ordre du Saint-Esprit, aux armes de Henri IV, de Louis XIII). Il est l’auteur des étonnantes reliures à emblèmes macabres (squelettes, cercueils, têtes de mort) faites pour la Compagnie des confrères de la Mort, créée par Henri III et qui regroupait un petit nombre de pénitents de stricte observance. On a attribué trop généreusement à Clovis Eve un grand nombre de reliures à la fanfare, dues en fait à plusieurs ateliers. Des pièces sûres (fanfares aux armes de Henri III), ainsi qu’une vingtaine d’autres identifiées par les fers, permettent d’y reconnaître l’expression accomplie des modèles prédominants plus que la mise en œuvre d’un style original. La longue carrière de Clovis Eve marque la transition entre les grands relieurs de la Renaissance et les maîtres de la période classique (Le Gascon, F. Badier).
The binding is very elegant, combining ‘fanfare’ with ‘feuillage’ decoration. It shares several tools, notably the two sizes of a natural lily, with a royal binding of 1585 illustrated on plate XVI of G.D.Hobson, Les Reliures a la Fanfare, 1935, as well as with other bindings belonging to Hobson’s ‘groupe royale’, which are attributed to Nicolas or his son Clovis Eve, the ‘relieurs de roi’. Cf. Hobson, op.cit. p.51.
Martin Breslauer cataloguait le même volume revêtu d’une reliure semblable en 1995. Ref. Martin Breslauer, Catalogue 110, n°62, $ 16 000 il y a 28 ans.