Description
Voltaire. Madame Du Chatelet. Lettres de M. de Voltaire (et de Madame Du Chatelet) à M. l’abbé Moussinot, écrites depuis 1736 jusqu’en 1742, pendant sa retraite à Cirey, chez Madame la Marquise du Châtelet…
La Haye, et se trouve à Paris, Moutard, 1781.
In-8 de XX, 244 pp.
Maroquin cerise, encadrement de triple filet doré avec fleurons d’angle sur les plats, dos lisse cloisonné et fleuronné, filet or sur les coupes, dentelle intérieure, gardes de papier étoilé doré, tranches dorées. Reliure de l’époque.
193 x 123 mm.
Edition originale de la correspondance intime de Voltaire, de la plus extrême rareté en maroquin de l’époque.
Cette publication tire son intérêt et son originalité du fait que ces lettres n’étaient absolument pas destinées à être publiées
« Brûlez, brûlez ces paperasses, aurait répondu Voltaire ; on m’y verrait trop en laid ou trop en négligé. On vous y verra, répliqua du Vernet, tel que vous avez été ».
De 1736 à 1741, Moussinot s’occupa, à Paris, des affaires de Voltaire : « Les petits secours du poète aux gens de lettres passaient par ses mains ».
« L’abbé brocantera pour lui des tableaux, il achètera les livres, les instruments de physique, les ustensiles de chasse, les cadeaux que Voltaire fera à la marquise et à ses nièces » (Desnoiresterres, Voltaire Cirey, p. 122.)
Aussi les lettres de Voltaire à l’abbé Moussinot sont-elles remplies de détails personnels au poète, et que l’on chercherait vainement dans le reste de sa correspondance ; elles n’ont pas été écrites pour être publiées ; mais, ainsi que le fait remarquer Meister, elles n’en « ont pas moins un charme très indépendant du prix que l’on peut attacher à tout ce qui tient à la mémoire d’un grand homme ; quelque peu soignées que paraissent la plupart de ces lettres, on y trouve toujours l’élégance et la grâce de son style, cette manière si naturelle et si piquante qui ne fut et qui ne sera jamais qu’à lui ».
Une chose bien plus précieuse sans doute, c’est qu’on y voit l’homme dans un négligé où peu de philosophes trouveraient leur compte à se montrer.
Ce volume contient cent vingt-cinq lettres, dont cent six à l’abbé Moussinot, une à M. Cousin, une au prince de Guise, une à Mme Dumoulin, une à milord Hervey, huit à La Condamine, une à Guyot de Merville, deux à M. Bourgelat, et une à M. Corneille. Toutes ces lettres sont de Voltaire. Les trois autres lettres du recueil sont adressées, l’une par Guyot de Merville à Voltaire, et les deux autres par Mme du Châtelet à l’abbé Moussinot.
L’avant-propos révèle l’intention de l’éditeur : « Ami Lecteur, vous n’avez vu jusqu’ici en Voltaire que l’Homme de génie : vingt chef-d’œuvres attestent sa grandeur, justifient sa gloire & vos applaudissements. Aujourd’hui, voulez-vous voir l’Homme en lui ? Cette connaissance n’est point indigne du Philosophe ; prenez & lisez ces Lettres ; elles sont un monument précieux de son caractère ; c’est là que vous verrez le Grand Homme à nu ; c’est là que, le surprenant seul avec lui-même, n’étant excité ni par l’aiguillon de la censure, ni par le cri puissant de l’admiration publique, vous le verrez abandonnant son âme à elle-même, se montrer, avec ses vertus & avec ses défauts.
L’attachement que nous avions voué à Voltaire nous faisait un devoir d’apprendre au Public, ce que nous faisions de ses générosités et de sa bienfaisance, & ce que tout le monde ignorait. Quinze jours avant que l’Europe eût le malheur de le perdre, nous lui parlâmes du désir que nous avions de publier les Lettres que nous donnons aujourd’hui. « Brûlez, brûlez, nous dit-il, ces paperasses, on m’y verrait trop en laid ou trop en négligé. On vous y verra, répondîmes-nous, tel que vous avez été. Si cela est, nous répliqua-t-il, vous êtes le maître de faire ce qu’il conviendra. »
Magnifique exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque, condition rarissime pour cette édition originale de la correspondance de Voltaire et de Madame du Châtelet.