Description
« Henri Estiennes’s most popular vernacular work, one of the monuments of 16th-century French prose » (Fred Schreiber).
Rarissime édition de « l’écrit en français le plus connu d’Henri Estienne,
qui valut à son auteur d’être brûlé en effigie.
Très bel et précieux exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin
aux armes de Charron de Menars, beau-frère de Colbert et grand bibliophile.
Estienne. L’introduction au traité de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes. Ou traité préparatif à l’Apologie pour Herodote. L’argument est pris de l’Apologie pour Herodote, composee en Latin par Henri Estienne, & ici continuée par luy-mesme.
Anvers [Lyon], Henrich Wandellin [Claude Ravot], 1567.
In-8 de (15) ff., (1) f. bl., 508 pp., et (17) ff.
Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées.
Reliure ancienne.
160 x 99 mm.
Très rare édition de « l’écrit en français le plus connu d’Henri Estienne, un monument de la prose française et du genre satirique » (Renouard)
Parue à Genève en 1566, L’Apologie pour Hérodote fut censurée à la demande de Calvin.
C’est à la suite de cette édition, faite sans licence, qu’Estienne est emprisonné (en avril 1567).
Cette œuvre, la plus fameuse de l’humaniste réformé est une violente critique de la société et de l’Eglise catholique du XVIe siècle.
« Henri Estienne’s most popular vernacular work, one of the monuments of 16th century French prose, and a masterpiece of the satirical genre. Ostensible written as a defense of the veracity of the ancient Greek historian Herodotus, the book is actually a violent attack on Roman Catholicism, as well as a satire of 16th century society” (Schreiber 161).
L’Apologie pour Hérodote présente un réquisitoire contre toutes les formes d’abus et de tromperie, celles auxquelles s’adonnent les marchands, les médecins, les gens de justice, et plus encore les clercs. Henri Estienne dénigre la superstition des catholiques telle qu’elle s’exprime dans leurs livres, mais il s’en prend aussi à la messe, à l’invocation des saints, au culte des images et des reliques.
Sa dénonciation rallie le combat que l’humaniste mène contre la sottise avec les armes de l’esprit.
« La richesse, la profondeur et la diversité des réflexions d’Henri Estienne dans l’Apologie pour Hérodote attestent que son livre est bien autre chose qu’un brûlot protestant. Tout en voulant apporter son soutien au camp calviniste, il défend, avec Hérodote, une liberté de penser que Sébastien Castellion n’aurait pas désavouée » (Bénédicte Boudou, Mars et les Muses dans l’Apologie pour Hérodote, Droz, 2000, p. 504).
« Cet ouvrage, le plus fameux de l’humaniste réformé Henri Estienne est un curieux traité, une sorte de violente satire de la société et de l’église catholique, dans une langue des plus exemplaires ; il y décrit les principaux péchés du temps et les travers des prêtres, abordant le péché de sodomie et de paillardise. « L’ouvrage constitue l’écrit en français le plus connu d’Estienne, un monument de la prose française et du genre satirique. Sous prétexte d’une défense d’Hérodote, le livre est une attaque violente du catholicisme romain et une satire de la société du XVIe siècle » (Renouard I, 127)
L’Apologie pour Hérodote est aujourd’hui considérée comme une œuvre qui compte dans la littérature du XVIe siècle. Le livre a fait des émules chez des protestants comme Simon Goulart, Jean Chassanion et même Théodore de Bèze qui reprend certains faits à Estienne pour son Histoire ecclésiastique. Au-delà du XVIe siècle, il a aussi reçu un écho chez les philosophes des Lumières, de Pierre Bayle à Voltaire.
L’Apologie fait figure de livre inattendu dans la production d’Henri Estienne. Estienne cloue au pilori les adversaires de Genève, ou plus exactement, ceux qui ont refusé de se laisser embrigader dans le combat de la nouvelle religion : Guillaume Postel, Rabelais, Bonaventure des Périers… Il s’en prend aux dogmes que vient de confirmer le concile de Trente.
Genève s’est inquiétée de l’effet que le livre d’Henri Estienne pourrait produire en France, alors que son auteur manifeste une grande liberté de ton à l’égard des affaires françaises, qu’il mette en cause le Parlement de Paris ou évoque l’entrée du roi Henri II à Blois.
Par son irrévérence, par l’irrespect avec lequel il traite du sacré, le discours critique que tient ce nouveau Démocrite annonce Voltaire.
Très bel et précieux exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin aux armes du marquis de Menars (1643-1718).
Beau-frère du grand Colbert, Jean-Jacques Charron devint conseiller au Parlement de Paris puis maître des requêtes ; il fut nommé président à mortier le 11 janvier 1691. Ce personnage fut un grand bibliophile ; il acquit vers 1679 la collection des De Thou qu’il vendit en 1706 au cardinal de Rohan.
Rarissime édition : aucun exemplaire n’est répertorié sur le marché public depuis le début des relevés, il y a plus de 35 ans.