Description
Exceptionnel Arioste de 1551 revêtu d’une reliure mosaïquée et décorée de Claude de Picques, vers 1565, pour la poétesse du XVIè siècle Anne Séguier.
De la bibliothèque Thomas Coke, comte de Leicester.
Ariosto Ludovico, dit L’Arioste (1474-1533). Orlando Furioso […] Ornato di varie figure con alcune stanze […]. •• Cinque Canti di un nuovo libro […] i quali seguono la materia del Furioso […]. ••• Espositione di tutti i vocaboli e luoghi difficili, che nel libro si trovano […].
In Vineggia, Appresso Gabriel Giolito, de Ferrari e Fratelli, 1551.
3 titres en un volume grand in-8 de 264 ff., 31 ff., (1) f. bl., (30) ff.
Maroquin brun, plats entièrement ornés d’un décor de volutes dorées et mosaïquées, motif losangé au centre entourant un supra-libris répété, dos lisse orné refait au XIXe siècle, tranches dorées et ciselées, traces de lacets. Reliure de l’époque attribuable à Claude de Picques, actif de 1548 à 1575.
226 x 153 mm.
Précieuse et rarissime édition contenant ces 3 textes imprimés par Gabriel Giolito de Ferrare à Venise en 1551 :
Orlando Furioso de 264 feuillets dédié au dauphin de France, orné d’un titre frontispice avec la marque typographique de Giolito, de 46 jolies figures gravées sur bois et d’autant de grandes lettrines ornées et de la marque de l’imprimeur.
Cinque Canti di un nuovo libro di M. Ludovico Arisosto, i quali seguono la materia del Furioso, 31 feuillets orné d’un titre illustré, 5 en-têtes, 5 lettrines et un cul-de-lampe.
Espositione di tutti i vocaboli e luoghi difficili, che nel libro si trovano… Marque gravée de l’éditeur Giolito, une lettrine et un portrait de l’auteur. Texte en italique sur deux colonnes.
La grande réussite du Roland furieux, c’est sa construction, qui, sous une apparente dispersion, masque une rare cohérence poétique entre chaque détail et l’ensemble.
« Au milieu du XVIè siècle, ce qu’il n’est peut-être pas déplacé d’appeler un art de la reliure a conquis droit de cité et la reliure est devenue un prolongement souvent obligé de la possession des livres et un signe d’adhésion à un mode de vie et à une culture nouvelle.
D’assez nombreux personnages choisissent ainsi de donner une forme visible à l’attention qu’ils portent à se constituer une bibliothèque, tout comme auteurs et libraires tiennent à témoigner de la même manière évidente du geste qu’ils accomplissent en offrant leur livre à un protecteur. Cette pratique sociale prend une grande extension et revêt divers aspects : assez « mondaine », pour Diane de Poitiers, plutôt imitative pour Catherine de Médicis, obligation seigneuriale pour Anne de Montmorency ou le cardinal Charles de Lorraine. Plus « vécu », plus personnel, semble le goût pour la reliure manifesté par des amateurs de statut social moins contraignant comme Sainte-Maure, Demonville, Thomas Mahieu, secrétaire de Catherine de Médicis, et surtout chez de nombreux amateurs étrangers, tels Marcus Fugger, P. E. de Mansfeld, gouverneur du Duché de Luxembourg, l’Anglais T. Wotton, le Flamand M. Lauweryn, etc. qui, en s’adressant à des ateliers parisiens, nous permettent de mesurer la réputation européenne que ceux-ci avaient acquise.
Sous le règne du roi Henri II, le décor est, au début, assez simple et constitué par un cadre de fers azurés. Au centre, les nouvelles et grandes armes royales.
Ce modèle de reliure connaît son plein développement durant le règne de Henri II. Dans certains cas, notamment pour des ouvrages latins et français, la couture à la grecque et le dos long seuls sont maintenus. Pour la majeure partie des volumes, on exécute toujours le décor à cadre de fers azurés, mais, pour une large portion, des décors plus élaborés sont créés. Il s’agit d’abord de compositions d’entrelacs courbes, formés presqu’uniquement de lignes sinueuses, d’une extraordinaire complexité, souvent peints. A la différence des entrelacs géométriques, ces entrelacs courbes exigent un important matériel de « fers à filets », de courbures variées. Ce même outillage sert aussi pour des décors encore plus originaux, formés de multiples rinceaux se déployant très librement sur toute la surface du plat. Enfin quelques œuvres exceptionnelles, inclassables, sont soit d’une audacieuse simplicité dans l’emploi de mosaïques de cuirs colorés, soit d’une surprenante profusion ornementale. » (Jean Toulet).
Remarquable reliure proche de celle de Jean Grolier reproduite page 537 Du tome Ier de l’Histoire de l’édition française portant le supra-libris au nom d’Anne Seguier, poétesse du XVIè siècle, au centre des plats.
Anne Seguier, d’abord Dame Duprat et ensuite Dame de la Vergne, d’une famille qui a donné d’illustres magistrats à la France, vécut au XVIè siècle. Elle eut de son premier époux, mort en 1585, Anne et Philippine Duprat, connues par leur mérite littéraire. Ce fut vers le commencement de 1584, qu’elle épousa Hugues de La Vergne. On lui doit des Poésies chrétiennes, précédées d’un Dialogue en prose, dont les interlocuteurs sont la Vertu, l’Honneur, le Plaisir, la Fortune et la Mort.
Ex-libris manuscrit de Thomas Coke, comte de Leicester, sur le titre.