Description
Très rare édition originale française du Projet de paix perpétuelle de Kant.
Exemplaire sur grand papier.
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In-8 de (1) f., 114 pp.
Demi-vélin vert à la bradel. Reliure du XIXe siècle.
188 X 120 mm.
Très rare édition originale française de l’un des plus grands ouvrages de philosophie politique.
Lorsque Kant rédige et fait paraître son Projet de paix perpétuelle, la situation européenne se caractérise par une tendance à la pacification. La France et la Prusse signent, le 5 avril, la paix de Bâle, accueillie avec une grande joie par le philosophe. Kant pense que les temps sont mûrs pour la réalisation de cette idée de paix entre les États. La Révolution française, événement fondateur qui suscite l’admiration de l’auteur tant d’un point de vue esthétique qu’historique, n’est pas pour rien dans cette évolution. Le Projet de paix perpétuelle reçoit d’ailleurs un large écho en France.
« L’état de paix n’est pas un état de nature, lequel est au contraire un état de guerre, c’est pourquoi il faut que l’état de paix soit institué ».
Les Etats sont naturellement portés au bellicisme. De la même manière que les individus sortent de leur état de nature via le contrat social, les Etats ne sauraient se contenter de cet état belligérant et doivent entrer en rapport avec les autres Etats.
L’intention de Kant est de sortir les Etats de leur l’état de nature, c’est-à-dire d’un état de conflictualité, de guerre permanente, de loi du plus fort.
Kant refuse d’emblée l’idée d’un Etat mondial car il gommerait les différences inhérentes aux cultures et nierait le concept de souveraineté. Seule une association, une fédération est envisageable.
Kant affirme que seule la république est un régime de droit, car il suppose la séparation du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Si le peuple est associé au pouvoir, il ne peut vouloir la guerre car il devrait en subir les conséquences. Par conséquent, la paix ne peut se construire que sur la républicanisation des Etats.
A partir de cette réforme des Etats peut être envisagée une alliance entre Etats souverains, qui collaboreraient dans la paix car dépendants les uns des autres. Ainsi l’esprit de commerce s’empare des peuples, lequel ne peut coexister avec la guerre. C’est une reprise du “doux commerce” de Montesquieu, présenté comme incompatible avec la guerre selon l’auteur de L’esprit des Lois.
Selon Kant, l’idée de paix est un idéal régulateur, vers laquelle il faut tendre. Elle se construit et ne se décrète pas.
« S’il reprend un thème cher à la littérature de la seconde moitié du XVIIIe siècle, cet ouvrage de Kant s’en distingue nettement ; il ne vient pas grossir le nombre de ces projets utopistes de cohabitation pacifique des peuples fondés sur une conception idyllique de la nature humaine mais se propose de démontrer que la fin politique, l’idéal de paix perpétuelle, découle de la raison morale » (Dictionnaire des Œuvres).
Exemplaire sur grand papier, tiré sur papier au filigrane Whatman 1796.
Provenance : Jules Coet et AHL, avec ex-libris.