Description
Renneville, René-Auguste-Constantin de. Linguet, Simon-Nicolas-Henri. Brossays du Perray, Joseph-Marie. Remarques historiques sur la Bastille ; sa démolition & Révolutions de Paris, en juillet 1789. Avec un grand nombre d’anecdotes intéressantes & peu connues.
Londres, 1789. (Paris)
Suivi de : Révolutions de Paris, dédiées à la Nation, 1789.
In-8 de (2) ff., 199 pp, [1] f. de pl. dépl., 137 pp.
Brochure d’attente bleue de l’époque.
211 x 130 mm.
Edition originale fort rare complète du plan dépliant de la Bastille et de la seconde partie de 137 pages conservées aux Révolutions de Paris qui manque à l’exemplaire de la B.N.F. décrit : « sans les Révolutions de Paris » annoncées au titre.
Ce recueil constitue un ensemble original emprunté à Renneville (l’Inquisition française), à Linguet (Mémoires sur la Bastille) et à Brossays du Perray dont le livre, publié en 1774, porte un titre à peu près identique.
Le volume ouvre sur deux vers de Voltaire en épigraphe « Dans cet affreux château, palais de la vengeance, on renferme souvent le crime et l’innocence ».
« On trouve d’abord une description très circonstanciée du bâtiment de la Bastille, tant de l’intérieur que de l’extérieur ; un compte-rendu détaillé du régime de cette prison, de la composition de l’État-major et plusieurs anecdotes sur quelques prisonniers célèbres. On a joint la suite des Révolutions de Paris depuis le 12 juillet jusqu’au 8 août inclusivement, journal qui avait paru en feuilles détachées, où l’on a recueilli le plus de faits, le plus de circonstances, et où j’ai remarqué en général assez d’exactitude et de bonne foi » (Grimm & Diderot, Correspondance littéraire, V, 210).
En fin, un texte signé Mauclerc (« Le langage des murs ou les cachots de la Bastille dévoilant leurs secrets », p. 131 à 137) contient le relevé exact des noms et inscriptions sur les murs des cachots de la Bastille (Tourneux, I, 1148 et III, 12316).
La Bastille, où l’on pouvait être interné sans jugement, sur simple lettre de cachet signée du roi, était de ce fait avant tout un symbole de l’arbitraire. Sa démolition, hautement symbolique, commença dès le 17 juillet 1789.
« Linguet avait révélé les mystères de la Bastille. Cette dernière était devenue pour la France entière la représentation exacte de l’arbitraire et de l’inquisition. La Bastille était abhorrée comme une personne vivante. Nul ne passait au pied des murailles sans l’insulter du regard, sans la menacer du geste. Tous voyaient en elle l’instrument et la raison suprême de la tyrannie » (Ch. L. Chassin).
« La fameuse forteresse, bâtie au XIVe siècle à des fins militaires, et devenue prison d’État, avait pris la dimension mythique du despotisme le plus absolu après 1750. La littérature et l’imagerie s’accordaient à lui donner cette valeur à la fois symbolique et terrifiante. Il est assez normal qu’elle ait été le premier objectif de la Révolution de 1789. Sa légende noire est le fait de deux écrivains : Latude pour ses multiples évasions manquées et le fameux journaliste Linguet pour ses Mémoires sur la Bastille, en raison des précieuses informations qu’ils nous fournissent sur son fonctionnement interne.
Le témoignage de Nicolas Simon Linguet est sans conteste le plus accablant, à la fois par sa précision et par le talent de l’écrivain, figure très connue à l’époque » (R. Mortier)
Né dans une famille janséniste, Linguet se consacre à des travaux d’histoire où se manifeste une volonté déterminée d’aller à contre-courant des idées reçues. Vigoureux polémiste, il se lance dans la voie du journalisme d’information et d’opinion. Craignant pour sa liberté, il se fixe à Bruxelles en 1778. Sa plume paraissait si redoutable au ministère français que Vergennes le fit enlever à Bruxelles par ses agents. Linguet fut incarcéré à la Bastille sans mandat ni procès du 27 septembre 1780 au 19 mai 1782.
« A peine libéré, il se rendit à Londres où il publia ses « Mémoires sur la Bastille ». Ce témoignage, aussi terrible qu’éloquent confirmait l’opinion publique dans l’horreur qu’inspirait la mystérieuse prison. Autour de 1780, la Bastille résumait tous les abus de l’Ancien Régime et en soulignait l’arbitraire. En 1790, Linguet revint en France et proclama son adhésion à la Révolution » (R. Mortier)
Bel exemplaire, à toutes marges, conservé dans sa brochure bleue d’époque révolutionnaire.