Description
Édition originale des Harmonies de la Nature
qui « annoncent Chateaubriand et Baudelaire »
(Guillaume Métayer).
Exemplaire sur grand papier, non rogné,
relié pour l’Impératrice Marie-Louise.
Saint-Pierre, Jacques-Bernardin-Henri de. Harmonies de la nature, par Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre ; ornées du portrait de l’auteur. Publiées par Louis Aimé-Martin. Faisant suite aux Etudes de la Nature.
Paris, Méquignon-Marvis, 1815.
3 tomes en 3 volumes in-8 de : I/(2) ff., LII et 456 pp., plus le portrait ; II/(2) ff., 506 pp. ; III/ (2) ff., 616 pp.
Demi-maroquin rouge, chiffre doré et couronné au centre des plats, dos lisse orné de fleurons et double filet dorés. Reliure de l’époque.
214 x 133 mm.
Rare édition originale de l’œuvre de Bernardin de Saint-Pierre qui annonce « le monde baudelairien des correspondances et de l’universelle analogie ».
Tchemerzine, V, 654 ; Brunet, V, 57.
Publiées quelques mois après la mort de l’auteur, les Harmonies de la Nature furent conçues comme le couronnement des Etudes, à la fois récapitulation de toute l’œuvre et ambitieux projet de totalisation du savoir. L’entreprise, qui évoque l’esprit de l’Encyclopédie, s’en distingue par son refus de la démarche analytique et descriptive au profit d’une optique synthétique qui vise à mettre en connexion tous les éléments de la nature afin de cerner les rapports harmoniques unissant chacun d’eux à tous les autres.
Il en émerge cependant une vision cosmologique qu’on peut juger délirante mais d’où émane une singulière poésie.
L’influence de Jean-Jacques Rousseau est visible dans le texte.
Bernardin de Saint-Pierre s’était lié à l’auteur des Rêveries du promeneur solitaire avec lequel il allait se promener à la campagne où ils s’entretenaient longuement ensemble sur la nature et l’âme humaine.
« S’il annonce le Chateaubriand des forêts et des cataractes américaines, Bernardin de Saint-Pierre ouvre aussi la voie à toute une tradition poétique du XIXe siècle. À Lamartine d’abord, qui lui emprunte l’idée et le terme même d’« harmonie ». À l’auteur des Fleurs du Mal ensuite. La veine exotique du Baudelaire voyageur, celui de la « Vie antérieure », est également indissociable de cette intuition d’une harmonie et d’une allégorie universelles que le poète a pu puiser chez Bernardin » (Guillaume Métayer).
« On est redevable à [Bernardin de Saint-Pierre] de l’introduction de bien des thèmes d’inspiration romantique. Il renouvelle le sentiment de la nature, s’attachant au grandiose et au sublime. Il est la source du lyrisme descriptif à laquelle ont puisé Chateaubriand, Flaubert, Loti et tant d’autres.
Il dote notre littérature d’un souffle nouveau par sa palette impressionniste, colorée à profusion, et par une langue d’une précision de naturaliste quant au vocable » (En français dans le texte).
Exemplaire grand de marges, non rogné, appartenant au tirage in-8 de l’édition originale – plus rare et plus recherché que le tirage in-12 publié simultanément-, relié à l’époque pour l’Impératrice Marie-Louise avec son chiffre doré et couronné au centre des plats.
Fille aînée de François Ier, empereur d’Autriche et de Marie-Thérèse-Caroline-Joséphine de Bourbon, fille du roi des Deux-Siciles, Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche (1791-1847) fut demandée en mariage par Napoléon Ier par raison d’Etat ; elle l’épousa le 11 mars 1810 ; de leur union naquit le roi de Rome le 20 mars 1811. Nommée régente en 1813, puis en 1814, elle reçut en toute souveraineté, lors de l’abdication de Napoléon en avril 1814, les duchés de Parme, de Plaisance et de Guastalla en conservant son titre de Majesté impériale.