Description
L’exemplaire des bibliothèques Charles Nodier,
Prince d’Essling, Comte de La Bédoyère,
Louis Loviot, Edouard Moura et Jacques Vieillard
conservé dans sa fine reliure en maroquin rouge de Thouvenin,
cité par Willems et Brunet.
L’ouvrage faillit provoquer un incident diplomatique
entre la France et l’Angleterre ;
il fut interdit par ordre du conseil et son auteur exilé.
Sorbière, Samuel de. Relation d’un voyage en Angleterre, où sont touchées plusieurs choses, qui regardent l’état des Sciences, & de la Religion, & autres matières curieuses.
Cologne, Pierre Michel, 1666.
In-12 de (6) ff., 192 pp. et une planche dépliante.
Maroquin rouge, double encadrement de filets dorés avec fleuron d’angle, dos orné de filets et fleurons dorés avec titre en long, coupes ornées, dentelle intérieure dorée, entièrement non rogné.
Reliure de Thouvenin.
154 x 80 mm.
Rarissime première édition sortie des presses elzéviriennes de ce récit de Sorbière qui faillit provoquer un incident diplomatique entre la France et l’Angleterre.
Elle est ornée d’une planche dépliante.
L’édition originale parut en 1664.
Brunet, V, 455 et supplément, II, 670 ; Willems, 1760; Graesse, Trésor de livres rares et précieux, VI, 449 ; Catalogue du duc de La Vallière, VI, 26 025.
Précieux exemplaire à toutes marges, entièrement non rogné, avec nombreux témoins.
Samuel Sorbière (1615-1670), médecin et philosophe protestant, publie sa Relation d’un voyage fait en Angleterre en 1664 ; l’ouvrage est supprimé par arrêt du conseil et Sorbière est exilé à Nantes.
Le texte est une vivante narration au jour le jour d’un voyage entrepris par l’auteur en Angleterre, à Amsterdam, Maastricht… Sorbière informe le lecteur des curiosités rencontrées telles que la « machine pour télescope », « le baromètre », la « machine hydraulique »…
Le texte est aussi truffé de considérations politiques et religieuses. Sorbière a admiré le spectacle de la liberté individuelle, de la prospérité nationale et de l’indépendance des pouvoirs : « Je n’oublierai rien, dit-il, de ce que je pus pratiquer pour m’instruire du gouvernement, des mœurs et du génie des peuples. »
Sorbière est un précurseur du courant anglophile qui va s’épanouir dans la France du XVIIIe siècle.
Sa Relation en Angleterre influencera Montesquieu et Voltaire, lequel dira : « L’Anglais est né libre ; on ne demande en Angleterre permission de penser à personne ».
« L’anglomanie française au XVIIIe siècle prend le relai de la gallomanie anglaise qui sévissait au XVIIe siècle en Angleterre. Les écrivains français découvrent l’Angleterre et la donnent en modèle : Montesquieu et surtout Voltaire qui, dans ses Lettres anglaises publiées en 1734, admire le bon sens, l’indépendance d’esprit, l’originalité farouche, la fermeté des Anglais et leur formidable sens de la liberté. » (Paris, de l’image à la mémoire, M.C. Kok-Escalle).
Si l’auteur fait l’apologie de la liberté individuelle anglaise il critique les Institutions britanniques et notamment le Parlement.
Le Gouvernement anglais fit condamner l’ouvrage par arrêt du conseil le 9 juillet 1664.
Précieux exemplaire à toutes marges, non rogné, conservé dans son élégante reliure en maroquin rouge.
Exemplaire cité par Willems et Brunet : « Un exemplaire non rogné Essling, La Bédoyère, 25 frs. »
Provenance prestigieuse :
– Charles Nodier (1830, n°1718).
– Prince d’Essling.
– Comte de La Bédoyère (1862, n°2077).
– Louis Loviot.
– Edouard Moura (1923, n°937).
– Jacques Vieillard (1946, n°525).
Rarissime édition : aucun exemplaire n’a subi le feu des enchères depuis le début des relevés, il y a 40 ans (ABPC, Argus).