Description
Édition originale de cette pièce de Voltaire
contenant sa fameuse réfutation du
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité de Rousseau.
Exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque
aux armoiries dorsales de Louis Charles de Bourbon, comte d’Eu.
Voltaire. L’orphelin de la Chine, tragédie Représentée pour la première fois à Paris, le 20 Août 1755.
Paris, Michel Lambert, 1755.
In-12 de XII pp., (1) p. et 72 pp.
Veau marbré, filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs orné de double filet et fleurons dorés, pièce de titre en maroquin rouge, armoiries frappées or en queue de dos, tranches rouges.
Reliure de l’époque.
165 x 96 mm.
Édition originale de cette pièce contenant la célèbre réfutation, par Voltaire du Discours sur l’origine & les fondements de l’inégalité de Rousseau (p. 67-72).
Bengesco, I, 213.
Selon « Voltaire à la BN » (1347), il s’agit du second tirage.
« L’approbation du 19 septembre 1755 est au bas de la page 72. L’Orphelin de la Chine est suivi d’une lettre de Voltaire à Jean Jacques Rousseau. Cette lettre, du 30 août 1755, fut imprimée, sur une copie différente, dans le Mercure d’octobre 1755, p.124, et reproduite, avec les différences, dans le Mercure de novembre 1755, p.56. La réponse de J. J. Rousseau est du 10 septembre 1755. (…) Dans sa lettre du 20 septembre à Lambert, Voltaire encourage le librairie à imprimer sa lettre à J. J. Rousseau, aussi bien que la réponse de celui-ci » (Bengesco).
« Avant même d’élaborer la version finale de l’« Orphelin », l’idée maîtresse de Voltaire avait été la réfutation du paradoxe de Rousseau contre la notion de progrès. Voltaire insiste sur le contraste civilisation-barbarie dans la célèbre lettre du 30 août 1755 dont la première impression est confiée à [cette] édition princeps de l’« Orphelin » (Dictionnaire Voltaire Hachette, p. 151).
La première eut lieu le 20 août 1755, avec un plein succès. Voltaire s’était inspiré de « L’Orphelin de la famille Zhao », seule œuvre passée à la postérité du dramaturge chinois Ji Junxiang (XIIIe siècle).
« C’est après sa rupture avec le roi de Prusse, et lorsqu’il errait sans asile sur la frontière de France, que Voltaire emprunta l’idée de sa pièce aux Chinois eux-mêmes, dont alors il étudiait l’histoire pour son Essai sur les mœurs. Ayant appris qu’on allait imprimer par trahison sa Pucelle avec des vers contre le roi, contre madame de Pompadour, contre Richelieu, etc., Voltaire voulut conjurer l’orage prochain par un succès théâtral qui disposât les esprits en sa faveur. La pièce achevée, l’auteur vit qu’elle pouvait encore passer pour une satire contre la Pompadour ; car il s’agissait là d’une femme mariée, qui refusait ses faveurs au roi, son maître. Mais, réflexion faite, Voltaire se tira d’affaire en envoyant directement une copie à la favorite elle-même, et, bravant les méchants, il donna sa pièce aux comédiens. L’Orphelin de la Chine eut un grand succès. L’édition originale de l’Orphelin de la Chine eut aussi sa curiosité. Voltaire avait d’abord songé à dédier sa tragédie à son inspirateur, M. d’Argental ; mais il crut mieux faire en adressant ses hommages au duc de Richelieu, qu’il était accusé d’avoir insulté dans sa Pucelle. Or, si le nom de Richelieu figura en tête de l’µOrphelin, ce fut celui du Diogène moderne, Jµ. J. Rousseau, qui apparut en queue. Voltaire, en effet, fit imprimer à la suite de sa pièce une longue lettre qu’il avait adressée à Rousseau pour le remercier de l’envoi de son discours sur l’inégalité, et dans laquelle il lui marquait tous ses dégoûts littéraires » (Georges Avenel).
Dans sa tragédie, Voltaire met le grand conquérant mongol dans une situation historique des plus invraisemblables : le féroce conquérant, amoureux de la Chinoise Idamé, se laisse gagner aux douces mœurs de ses sujets confucéens. D’ailleurs, Voltaire lui-même, dans une lettre adressée au comte d’Argental le 8 mars 1755, n’hésite pas à définir son personnage sous ces termes : « C’est Arlequin poli par l’amour ». En mettant en scène une telle situation, Voltaire veut prouver qu’il a foi dans le progrès de la civilisation.
Exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque aux armoiries dorsales de Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu (1701-1775).
Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu fut nommé grand maître de l’artillerie en survivance en 1710, gouverneur de Guyenne en 1712, chevalier des ordres du roi en 1728, maréchal de camp en 1734, lieutenant général n 1735, comte d’Eu, pair de France et grand maitre de l’artillerie en exercice en 1736, gouverneur du Languedoc en 1755 et colonel général des Suisses et Frisons en 1755.