Panoplia Catholicorum. Locorum Praecipuorum Sacrae Scripturae

Benoist, René

Très rare édition originale des écrits de Benoist (1521-1608), l’élève de Rabelais, le célèbre « pape des Halles », conseiller de Marie-Stuart et Confesseur personnel de Henri IV.

Exemplaire de Présent, revêtu d’une magnifique reliure à la fanfare en vélin doré absolument non restaurée.

Paris, 1575.

In-8 de (28) ff., 292 ff., (36) ff., le dernier blanc.

Vélin doré souple à décor de fanfare sur le dos et les plats, recouvrements à décor doré, tranches dorées, des ff. brunis. Reliure de l’époque.

170 x 110 mm.

« Le Pape des Halles » Benoist, René (1521-1608). [Panoplia Catholicorum]. Locorum Praecipuorum Sacrae Scripturae.

Paris, 1575.

Très rare édition originale, œuvre de René Benoist, « ce célèbre curé de Saint‑Eustache, paroisse des Halles, qui a occupé la chaire pendant cinquante carêmes » (Brunet, I, 775) surnommé le Pape des Halles, conseiller de Marie-Stuart et confesseur personnel du roi Henri IV.

Nombre de mots relevés dans l’œuvre de Benoist présentent un véritable intérêt par leur forme, leur sens ou leur dérivation ; beaucoup se retrouvent dans l’œuvre de Rabelais, à laquelle ils sont sans doute empruntés (Benoist connaissait cette œuvre et fait allusion plus d’une fois à l’« athéiste Rabelais »).

Il a un bon style, correct, net, vivant, souvent incisif. Il tient un rang honorable parmi les pamphlétaires de son époque, qui en a tant connu ! Comme sermonnaire il est plus intéressant encore.

En 1568, il fut nommé curé de la puissante paroisse de Saint-Eustache, la paroisse des Halles, il y devait rester toute sa vie, durant la période la plus troublée de l’histoire parisienne.

Sa lutte contre les protestants continua et aussi sa lutte contre les abus : le théâtre, la danse, les toilettes, la tenue dans les églises, les scandales de tous ordres, les erreurs dans la dévotion.

Ces opuscules jettent un jour curieux sur le sentiment religieux des Parisiens du xviè siècle : certains textes constituent des documents fort pittoresques.

On était à l’époque de la Ligue. René Benoist ne se contenta pas d’être un pasteur, il fut aussi un politique, dont le rôle d'ailleurs, par sa modération et sa sagacité, fut des plus honorables.

Son attitude lui valut plus d’une attaque, mais aussi l’honneur de coopérer à l’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis. Il avait été mandé personnellement par le roi, l’assista pendant la cérémonie du 25 juillet 1593 et le fit, à son entrée dans Paris, reconnaître par la Sorbonne. Le roi, plein d’estime et de gratitude pour lui, voulut l’avoir pour confesseur et le fit conseiller d’État. Il devint vers le même moment doyen de la Faculté de théologie et gouverneur de Navarre. Sur la fin de sa vie, il fut évêque nommé de Troyes, puis d’Angers.

Et à quatre-vingt-cinq ans, il continue à soutenir des procès et à publier des opuscules.

Magnifique exemplaire de présent, réglé, dans une superbe reliure à la fanfare de l’atelier à la première palmette avec larges recouvrements à décor doré.

Vers 1575, les reliures à décor ne représentent plus qu’un champ limité d’activité pour quelques relieurs. Alors qu’elles pouvaient, au milieu du xviè siècle, constituer un fort noyau d’une bibliothèque, autour duquel pouvait, comme à Fontainebleau, s’articuler l’ensemble, elles ne sont plus désormais que des pièces isolées, sans statut définissable, au sein du système clos de la collection. Elles s’y trouvent plutôt comme des traces des préférences du possesseur pour certains textes ou certains exemplaires choyés, comme, dans le cas des exemplaires offerts, des preuves d’une relation de sentiment ou, plus souvent, de subordination sociale entre celui qui offre et celui qui reçoit.

Les décors dits « à la fanfare » offrent leurs sinuosités, leurs dorures denses, leurs compositions complexes dont on peut extraire une structure déterminante formée par un réseau de « rubans » qui, partant d’un ovale central et s’enlaçant, fragmentent la surface des plats en compartiments de formes variées. Une analyse plus fine a montré qu’il fallait faire intervenir sept éléments pour donner une définition complète du type : sept éléments qui semblent avoir été le plus souvent ressentis par les relieurs comme des obligations acceptées et même légitimées, presque des articles d’un règlement tacite. Les « fanfares » furent très répandues de 1560-70 jusque vers 1620 et, ainsi, elles peuvent être considérées, avec les autres compositions à base de feuillages, comme la manifestation, dans la reliure, de certaines tendances de l'art baroque.

J. A. De Thou possédait une reliure issue du même atelier à la première palmette, bien que moins séduisante car en maroquin rouge et non en vélin doré à recouvrement. Recouvrant « Aelius Spartianus » de Dion Cassius, elle fut néanmoins adjugée près de 30 000 FF (4 500 €) il y a 46 ans à la vente Raphaël Esmérian (Réf. Bibliothèque R. Esmérian, 6 juin 1972, n° 116).

Vendu