Heures du Roi Henri III. L’Office de la Vierge Marie

Les Heures du roi Henri III (1574-1589) revêtu d’une exceptionnelle reliure décorée du XVIè siècle décrit dans le célèbre catalogue d’Edouard Rahir publié à Paris en 1910 « Livres dans de riches reliures en vente à la Librairie Morgand » sous le n° 83.

Paris, James Mettayer, 1586.

Des bibliothèques du roi Henri III ; Asseline ; Comte d’Hoym ; Edouard Rahir.

In-4, plein maroquin rouge, semis de fleurs de lys, coins remplis, milieux, tranches dorées.

Reliure de l’époque.

285 x 210 mm.

Heures du roi Henri III (1574-1589).

L’Office de la Vierge Marie à l’usage de l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, avec les Vigiles, Pseaumes, etc.

Paris, Jamet Mettayer, 1586.

Magnifique reliure faite pour le roi Henri III. 

Sur le dos, ses armoiries, la tête de mort et la devise : Spes mea Deus ; sur les plats, l’Annonciation et la Crucifixion et un chiffre de la Congrégation des Pénitens de Notre-Dame, fondée par Henri III.

Volume ordinairement désigné sous le titre de Heures du roi Henri III » (Edouard Rahir – Livres dans de riches reliures – Librairie Morgand, Paris, 1910 n° 83).

En fait, la reliure ancienne la plus précieuse décrite sous le n° 83 du plus célèbre catalogue jamais publié consacré aux chefs-d’œuvre de la reliure ancienne européenne, riche de 362 chefs-d’œuvre, dont les prix s’étagent de 100 FOr à 15 000 FOr.

Ces présentes « Heures du roi Henri III » sont portées par Edouard Rahir à 15 000 FOr dans ce prestigieux catalogue paru à Paris en 1910, soit le prix le plus élevé pour une reliure du xviè siècle, à égalité avec le superbe Grolier in-folio décrit sous le n° 29, mais dépassant allégrement l’autre Grolier in-folio vendu 12 000 FOr (n° 16), le « Canevarius – Grimaldi », n° 17 à 6 000 FOr dont un exemplaire fut adjugé 203 000 € le 13 mai 1985 il y a 34 ans à Monaco (1 332 000 FF) et la superbe reliure dogale de 1593 à 4 000 FOr (n° 86).

Description détaillée :

Reliure de l’époque. Plein maroquin rouge, triple filet d'encadrement, dont un écarté, semé de fleurs de lys sur les plats avec important décor de feuillage et tête dorée aux angles. Au centre du premier plat médaillon de l'Annonciation, et du second, médaillon de la Crucifixion, entourés d'un monogramme, répété quatre fois de chaque côté et placé dans un médaillon ovale orné de volutes et annelets, dos lisse orné d'un semé de fleurs de lys, tête de mort, armes royales de France et devise du roi Henri III « Spes meus deus » en queue du dos, frise sur les coupes, lanières d'attache de soie, tranches dorées.

Magnifique reliure parisienne.

Première émission, sans la mention « De par le commandement du Roy » au titre.

Exemplaire très grand de marges. Cet Office de la Vierge Marie a été relié au chiffre complexe de la Congrégation royale des Pénitents de l'Association Notre-Dame, fondée par Henri III. La dernière partie de son règne voit en effet un grand mouvement de renouveau spirituel et de ferveur religieuse. Henri III est lui-même touché par ce courant, influencé par son directeur de conscience le jésuite Emond Auger. Le roi fonde quatre confréries pieuses en moins de deux ans, la première étant la Congrégation royale des Pénitents de l'Association de Notre-Dame, fondée le 20 mars 1583. Elle compte parmi ses membres des proches du roi Henri III. Ce regain de foi trouve sa traduction également dans l'art de la reliure (Voir Le Bars, 2006).

D'après H.M. Nixon, Sixteenth-century Gold-tooled Bookbindingsin the Pierpont Morgan Library, New York, 1971, n° 55a (Heures de Nostre Dame pour la congrégation roiale des Pénitens de l'Annonciation de Nostre Dame, Paris, Jamet Mettayer, 1583), le monogramme complexe contient les lettres dont le décryptage proposé par Nixon donne l'intitulé complet de la congrégation (ACDEGILMNOPRST (?)) : « In the corners of both covers, a complex monogram with the letters ACDEGILMNOPRST out of which the full title of the Congregation can be made ». La reliure présente, outre le monogramme, deux médaillons sur les plats. Sur le plat supérieur une Annonciation et sur le plat inférieur, une Crucifixion. Au dos trois éléments caractéristiques de ces reliures de pénitents : le crâne, les armes de France et la devise « SPES MEA DEUS ».

Paul Culot et Anthony Hobson, La Reliure en Italie et en France au XVIè siècle, Bruxelles, 1991, n° 64 : « La présence des armoiries de France au dos des volumes s'explique par les relations privilégiées qui liaient les membres de ces confréries de pénitents à leur fondateur ; les reliures frappées à ces armes n'ont toutefois jamais appartenu au roi Henri III ».

Planches : Annonciation (face au fol. 1) ; Visitation (fol. 20v) ; Nativité (fol. 33v) ; Annonce aux bergers (fol. 38v) ; Adoration des mages (fol. 43v) ; Circoncision (fol. 48v) ; Fuite en Égypte (fol. 56v) ; Couronnement de la Vierge (fol. 63) ; Résurrection (fol. 68v) ; David pénitent (fol. 112v et 123v) - que l'on retrouve dans le Pseaultier donné la même année par Mettayer ; Marie-Madeleine au pied de la Croix (fol. 158v) ; Pentecôte (fol. 171v) ; Adoration du nom de Dieu (fol.186v) ; Saint Jean et l'aigle (fol. 260) ; Saint Mathieu et l'ange (fol. a) ; Saint Marc et le lion (fol. d3) ; Saint Luc et le boeuf (fol. g2v).

Provenance : 1. Inscription au titre : « Asseline 1640 ». - 2. Note ou crayon au verso de la garde face au titre : « Exemplaire ayant fait partie de la collection du comte de Hoym » - 3. Édouard Rahir, Livres dans de riches reliures, Paris, 1910 (n° 83, pl. 16). - 4. Bibliothèque du vicomte Couppel du Lude, vente Paris, 23 novembre 2009, n°. 19.

Bibliographie :

Boucher, Jacqueline. Société et mentalités autour de Henri III, Paris, Champion, 2007. - Conihout, Isabelle de, Jean-François Maillard et Guy Poirier (ed.). Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, 2006. Voir en particulier les contributions de B. Petey-Girard, « Le mécénat de la parole : l'esthétique spirituelle dans les oratoires royaux », pp. 170-177 ; L. Augereau, « Tours, capitale provisoire du royaume, 1589 », pp. 214-226 ; F. Le Bars, « Les reliures de Henri III : essai de typologie », pp. 228-247. - Haquet, Isabelle. L'Énigme Henri III. Ce que nous révèlent les images, Nanterre, 2012. - Le Roux, Nicolas. La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547 - vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2000. - Lepreux, G. Gallia Typographica ou répertoire biographique et chronologique de tous les imprimeurs de France... Série parisienne. Tome I, Paris, Champion, 1911, pp. 382-390. - Mellot, Jean-Dominique et Elizabeth Queval. Répertoire d'imprimeurs/libraires (vers 1500-vers 1810), Paris, BnF, 2004, p. 398. - Péricaud, Antoine. Notice sur Edmond Auger, Lyon, 1828.- Grivel, M. « Au sieur Rabel, parangon de la pourtraicture. Nouvelles recherches sur les peintres-graveurs de la fin du XVIè siècle : l'exemple de Jean Rabel », in Renaissance en France, renaissance française ? Rome - Paris, 2009, pp. 243-245.

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