Le Nouveau Testament

Paris, 1630.

La somptueuse reliure mosaïquée « à la petite tête » de 1630 de Florimond Badier provenant de la bibliothèque Raphaël Esmérian.

In-4 maroquin rouge, double encadrement sur les plats, de feuillages dorés et de fleurons et petites têtes dorés au pointillé, rectangle central dont le milieu est orné d'un cartouche mosaïqué comme les angles en maroquin vert complètement dorés au pointillé, motifs en losange et volutes également au pointillé, dos à 5 nerfs orné de feuillages et de grands fleurons au pointillé ; petite dentelle intérieure dorée, tranches dorées, ciselées et peintes. Reliure de l’époque.
Sur le cartouche central des deux plats est frappé or le nom « P. D’O » ; il s'agit de Pierre Seguier, IIIè du nom, sieur de Sorel, Marquis D'O, conseiller au Parlement.
Dans le décor de chaque plat la « petite tête » au pointillé est dorée huit fois.

Cette reliure ne figure pas sur la liste des quarante reliures à la « petite tête » que donne Émile Dacier in Trésors des Bibliothèques de France (t. III et IV).
Cette remarquable reliure a figuré à l'exposition de la Société de la Reliure originale à la Bibliothèque nationale, 1947 (n° 56 du catalogue, reproduction pl. VIII).
Ex-libris des bibliothèques Christian Frédéric Schnauss ; André Rodocanachi et Raphaël Esmérian (8 décembre 1972, n° 18).

248 x 175 mm.

Le Nouveau Testament, c'est-à-dire, La nouvelle Alliance de nostre Seigneur Jésus Christ. Le tout reveu & conféré sur les textes Grecs, par les Pasteurs & Professeurs de 1'Eglise de Genève.
Se vend à Charenton, Pierre Des-Hayes, Imprimeur et Marchand Libraire, demeurant à Paris, rue de la Harpe, à la Limace, s. d. (vers 1630).

Les Pseaumes de David, Idem, ibidem, s.d. (vers 1630).

Célèbre reliure à « la petite tête » de l’atelier de Florimond Badier (1630-1629) ainsi décrit par Raphaël Esmérian :
« Établi vers 1630 cet atelier fut de beaucoup le plus productif en reliures à décor pointillé de l'époque. Deux dessins très différents ornent ces reliures le premier, dérivé directement des « fanfares » conserve l'armature de celles-ci : compartiments de grandeurs et de formes variées, délimités par un ruban formé d'un double trait d'un côté et d'un trait simple de l'autre. Ces compartiments sont plus ou moins remplis de fers pointillés dont les principaux sont la spirale (en trois grandeurs), dérivée de la volute arabisante des fanfares, et des fleurettes stylisées souvent flanquées de deux feuilles. Un troisième fer, la fameuse « petite tête » apparait sur vingt-cinq de ces reliures. Des trois types de ce fer, celui de l'Atelier Badier montre la petite mèche frontale sur les deux profils. C'est le type « A » de la nomenclature qu’Émile Dacier nous donne dans son étude « Autour de Le Gascon et de Florimond Badier ». Le deuxième type de ces reliures dérive, d'une manière assez lointaine du losange central des reliures du XVIè siècle. Macé Ruette avait déjà inauguré, dès 1620, ce modèle sur des reliures qu'il exécutait pour Habert de Montmort ; mais ce n'est que de 1633 à 1640 que ce modèle devait trouver son plein épanouissement dans une série de reliures exécutées sur des elzéviers par le meilleur doreur de l'Atelier Badier. Voici de quoi se compose le dessin de ces volumes : un quatre-feuilles central au double filet, d'où partent quatre gerbes remplies de fers pointillés, circonscrites librement dans un cadre intérieur aux doubles filets droits et courbes, les cintres de ces derniers coupés en leurs milieux par des paires de « volutes à queue » ; dans les angles intérieurs et extérieurs de ce cadre sont des motifs floraux pointillés ; une bordure rectangulaire à la roulette encadre les plats. Dans certains cas le quatre-feuilles central est remplacé par un octogone ou autre figure géométrique. Il est étrange que ce joli dessin, utilisé sur les plats, se raréfie de plus en plus jusqu’en 1648, date après laquelle on ne le retrouve plus que sur les doublures ; la seule exception que j’ai pu trouver est mon Cureau de la Chambre de 1664 (n° 31).

Nous connaissons trois reliures signées de Badier. La première, et la plus fameuse, signée « Florimond Badier fecit, inv. », recouvre un « De Imitatione Christi » in-folio de 1640. C'est une reliure « à la petite tête » d'une extrême richesse, doublée, mosaïquée. Je la trouve lourde et assez vulgaire. Elle jouit toutefois d'une réputation fabuleuse. La deuxième un volume in-4 de plaidoiries dédiées à Pomponne de Bellièvre en 1657, est plus sobre et plus élégante. Elle est modestement signée « Badier facieb », ses compartiments comportent peu de dorure et font penser aux reliures que cet atelier allait exécuter de 1662 à 1668. Tout au contraire la troisième, de deux ans postérieurs, revient au dessin typique des années 1640-1650, c'est-à-dire à compartiments remplis. Elle recouvre un Missel in-4 (Anvers 1653) qui porte dans ses médaillons du centre un « ex-dono » du fils Sébastien Huré, administrateur de la Communauté des libraires de Paris, à la Chapelle de Saint-Jean-Porte-Latine, de l'Église Notre-Dame-de-Lorette. Cet « ex-dono » porte la date de 1659 » (Raphaël Esmérian).

Cet exceptionnel volume « à la petite tête » fut vendu 28 000 FF (environ 4 000 €) le 8 décembre 1972 au Palais Galliera, il y a 47 ans (Réf : Bibliothèque Raphaël Esmérian. Deuxième partie, n° 18). A cette époque les petits volumes Cazin du XVIIIe siècle en maroquin d’époque se vendaient 10 FF, ils valent aujourd’hui 500 €.

Vendu