Opera
Somptueux exemplaire relié à l’époque pour la reine Anne d’Autriche (1601-1666), provenant des bibliothèques du Baron Double (Cabinet d’un curieux 1896, n°24) et Henri Béraldi, avec ex-libris (Paris, 1934 n° 73).
Paris, Plantin, 1609.
Deux parties en 1 volume in-4, plein maroquin havane, plats entièrement ornés d’un semé de
fleurs de lys et de chiffres A entrelacés et couronnés, armoiries royales dorées au centre, dos à
nerfs orné du même semé fleurdelysé et au chiffre entrelacé et couronné, filet or sur les coupes,
tranches dorées. Reliure fleurdelysée et armoriée de l’époque. (Étui de Mercier).
237 x 152 mm.
SIDONIUS APOLLINARIS. OPERA.
Paris : Off. Plantiniana for A. Perrier, 1609.
« Sidoine Apollinaire (430 – 487) appartenait à une famille noble de magistrats, et fut un personnage de premier plan dans la Gaule du Vè siècle. C’est à Lyon et à Arles, la « Rome des Gaules », qu’il fut élevé et reçut son instruction universitaire.
Il alla à Rome et fut nommé préfet du Sénat, puis préfet de Rome. Son année de préfecture terminée, il retourna en Gaule et se fixa à Clermont. Là, avec son beau-frère Excidius, il se consacra à relever les misérables conditions dans lesquelles était tombée la province par suite d’une mauvaise administration, et il s’y gagna tant de sympathie et de confiance que, l’évêque de Clermont étant mort entre 470 et 472, Sidoine fut appelé à lui succéder. Ce ne fut certainement pas sa réputation de sainteté qui le porta au siège épiscopal, car, s’il était homme de foi, il s’était distingué par d’autre qualités : la sagesse de son gouvernement et son talent poétique. Durant son ministère, dont il se sentait indigne et dont le poids l’accablait, même physiquement, il fut à la fois évêque et gouverneur, défendant de toutes ses forces la liberté politique et religieuse de la province et de la ville, subissant pour cette cause jusqu’à l’exil, et s’employant par tous les moyens à adoucir les conditions de la défaite. Il endura aussi l’humiliation et
la persécution des ariens en face desquels il défendit, intacte, la foi de sa ville, où il mourut, en laissant dans les Poèmes et surtout dans ses neufs volumes de Lettres (470-480), le plus vivant et le plus direct des témoignages sur son existence » (Giuseppe Lazzati).
« Célèbre de son vivant tant par ses écrits que par son rôle politique, Sidoine Apollinaire vit en une époque troublée : l’empire romain d’Occident est fragilisé par les attaques de barbares extérieurs aux frontières et par la perte progressive de maîtrise de son territoire. Ainsi, né citoyen romain, Sidoine meurt sujet d’un roi barbare. En parallèle de son rôle politique, avec ses revers de fortune, Sidoine est un écrivain épris de romanité […] Cette œuvre littéraire offre un précieux témoignage de la vision qu’un aristocrate gaulois peut avoir de la vie au Ve siècle » (M. Fournier et A. Stoehr-Monjou).
SUPERBE EXEMPLAIRE RELIÉ EN MAROQUIN HAVANE AU CHIFFRE ET ARMES DE LA REINE DE FRANCE, ANNE D’AUTRICHE (1601-1666).
« Anne d’Autriche, fille aînée de Philippe II, roi d’Espagne, et reine de France par son mariage avec Louis XIII (25 octobre 1615), eut une bibliothèque remarquable et digne de la femme illustre qui, par sa politesse exquise et l’élévation de son caractère, a le plus contribué à jeter les bases de cette galanterie française qui sert encore de modèle aux autres nations.
Les reliures, qui datent des premières années de son règne, ne diffèrent pas essentiellement de celles de Marie de Médicis ; c’est le même semis de fleurs de lis, coupé à intervalles réguliers par le double A renversé, surmonté de la couronne royale. On peut dire que l’art de l’ornementation des livres s’est élevé, alors, à une hauteur qui ne sera plus dépassée » (Ernest Quentin Bouchart – Les Femmes bibliophiles de France).
