Topographie françoise ou représentations de plusieurs villes, bourgs, chasteaux... du Royaume de France
Edition originale du plus précieux, rare, et intéressant livre de topographie française des années 1590-1615 représentant pour la première fois 574 vues de villes, bourgs, châteaux, maisons de plaisance, objets, ruines et vestiges d’antiquitez du royaume de France.
Bel exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque.
Paris, 1641.
Grand in-folio composé de (1) ff. de titre réenmargé, (1) f. de table ayant subi des restaurations, (7) ff. simples comportant 33 vues, 121 feuilles doubles contenant 381 vues, 6 grandes planches pliées contenant un seul sujet, (7) ff.bl. Soit un total de 420 vues certaines contrecollées. Quelques planches sont datées 1645.
Vélin ivoire, dos à petits nerfs. Reliure de l’époque.
425 x 305 mm.
Chatillon, Claude de. Topographie françoise ou représentations de plusieurs Villes, Bourgs, Chasteaux, Maisons de plaisance, Ruines & Vestiges d’Antiquitez du Royaume de France. Designez par deffunct Claude Chastillon, et mise en lumière à Paris par lean Boisseau, Enlumineur du Roy pour les Cartes Marines & Géographiques, en l'Isle du Palais, sur le Quay qui regarde la Megisserie, à la Fontaine de Iouvence Royalle près le Pont Neuf.
(Paris), 1641.
La France sous Henri IV.
Edition originale du plus précieux, rare et intéressant livre de topographie française des années 1590-1615 représentant pour la première fois 574 vues de villes, bourgs, châteaux, maisons de plaisance, objets, ruines et vestiges d’antiquitez du royaume de France, certaines à double pages et 6 dépliantes.
Claude de Châtillon, ou Chastillon (1559-1616), natif de Châlons-sur-Marne, devint l’un des six ingénieurs du roi chargés de veiller à la fortification des frontières du Royaume.
Il fut affecté à sa province natale, la Champagne, où il accomplit un important travail cartographique.
D. Buisseret a montré comment il fut ensuite dépêché par Sully aux quatre coins de la France : en 1605 en Poitou où l'on canalisait le Clain, en 1606 en Guyenne pour achever la construction du phare de Cordouan, à l'embouchure de la Gironde, et en 1608 à Rouen où il collabora à l'établissement des plans d'un nouveau pont sur la Seine.
On le retrouve à Paris entre 1608 et 1613 ; il fut alors choisi pour décorer et animer les rues lors des fêtes de l'entrée de la reine Marie de Médicis et devint célèbre pour ses « inventions mécaniques ». Il composa en particulier un « recueil de géométrie et de mécanique » où il dessina plusieurs appareils militaires, véhicules armés et ponts de campagne mobiles (Buisseret, p. 48). On retrouve du reste certaines de ces machines à la fin de la Topographie.
Il ne sera question ici que du monumental recueil gravé que constitue la Topographie française.
La Topographie fut publiée en 1641, vingt-cinq ans après la mort de Châtillon.
Son maître d'œuvre, Jean Boisseau, était un marchand de tailles-douces parisien alors en pleine expansion ; depuis plusieurs années, il s'intéressait aux cartes, en faisant graver ou racheter des cuivres anciens. On ignore en quelles circonstances il entra en possession des croquis - déjà gravés ou non - de Châtillon. Probablement ceux-ci avaient-ils des provenances diverses. Malheureusement, seuls 45 d'entre eux portent un « excudit », sur un total de plus de 550 pièces. Ces excudit sont : celui de Jacques Poinssart, châlonnais comme Châtillon, qui édita 18 gravures ; celui de Mathieu Merian, pour 9 gravures ; et celui de François Langlois dit Ciartres, confrère de Boisseau, pour 6 gravures. Les frères Briot (Isaac pour 16 pièces et Nicolas pour 3) laissèrent également leur signature, mais l'on ne peut dire s'ils ont gravé ces planches avant que Boisseau ne les achète ou au contraire à la demande de ce dernier. Car il est probable que c'est Boisseau qui entreprit de faire graver la majorité des manuscrits de Châtillon. Il inséra même dans la Topographie des croquis inachevés et non identifiés ; il explique dans son avertissement qu'il l'a fait intentionnellement, afin que les lecteurs l'aident à leur donner un nom pour la seconde édition. Il est également probable que tous les dessins n'étaient pas de Châtillon ; ainsi Boisseau invite, dans ce même avertissement, les seigneurs et gentilshommes propriétaires de châteaux et de belles maisons à lui en envoyer la représentation, afin qu'il les fasse graver.
Les planches de la « Topographie » peuvent être réparties en trois groupes : les scènes militaires, les vues de maisons et de châteaux et les pièces diverses ajoutées par Boisseau (plans, vues de villes ou monuments parisiens).
Le volume adopte grosso-modo le plan géographique suivant : Ile de France, Touraine, Champagne, Ardennes, Savoie, Nivernais, Poitou-Charentes, Normandie, Picardie.
Les vues de châteaux, de maisons et de ruines constituent l’essentiel de la Topographie. Elles ont été très étudiées et ont apporté beaucoup d’informations aux archéologues.
Plusieurs identifications cependant restent encore douteuses malgré les clés proposées par Boisseau et Boissevin dans leurs rééditions. « Après avoir été éditée deux fois par Boisseau, en 1641 (éd. A) et en 1648 (éd. B), la Topographie passa en effet aux mains de Louis Boissevin, qui la publia une dernière fois en 1655 (éd. C). Les exemplaires que nous avons recensés ci-dessous sont peu nombreux et présentent souvent des anomalies, dues notamment à des planches portant des dates postérieures à celle de la page de titre. » (Mireille Pastoureau. Les Atlas français. Bibliothèque Nationale).
L’édition originale de 1641 comptait 392 vues, une carte et un plan. Celle de 1648 était riche de 484 gravures, celle de 1655, de 558 compositions.
Exceptionnel exemplaire appartenant à l’édition originale de 1641, conservé dans sa reliure de l’époque en vélin ivoire, enrichi de 28 estampes d’une remarquable beauté.
Références : Pastoureau, Atlas français des XVIe et XVIIe siècles, pp. 98-124 ; Millard, I, 31 ; Buissent (D.), Ingénieurs et fortifications avant Vauban, pp. 69-73 (« Chastillon a sans doute influencé la manière dont les Français de l'époque "voyaient" leur pays. »).



