Les Dix Livres d'Architecture
Superbe exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin rouge de l’époque, aux armes du Grand Dauphin (1661-1711).
Il provient des bibliothèques Romain de Bourges, Hippolyte Destailleur et du Château de Vaux le Vicomte, avec ex-libris.
In-folio de (10) ff., 325 pp., (8) ff.
Maroquin rouge, double encadrement de triple filet doré à la Duseuil sur les plats, fleur de lys aux angles, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs très richement orné de pièces d’armes, fleurs de lys et dauphins couronnés, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l’époque.
422 X 288 mm.
Vitruve. Les dix livres d’architecture.
Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1673.
Première édition du Vitruve traduit en français par Perrault sur les instances de Colbert.
Considéréecomme l’une des plus érudites éditions de Vitruve, elle est ornée d’un frontispice et de 65 planches d’architecture numérotées hors texte et de nombreuses gravures dans le texte.
Fowler, p.326 ; Cicognara, 727 ; Poleni, 115-117
A l’initiative de Colbert, se met en place un service de la gloire du roi Louis XIV dans lequel le livre tient une place de choix. La politique monarchique, continuée après Louis XIV, a en ce domaine plusieurs objectifs : augmenter et ordonner les collections du souverain en fixant et réformant la Bibliothèque du Roi ; faire imprimer des ouvrages de prestige célébrant les fastes du règne ou contribuant aux progrès des sciences et arts.
Frère de Charles Perrault, Claude Perrault (1613-1688) fut un homme d’une culture très étendue, tant humaniste que scientifique. Docteur en Sorbonne il fut nommé membre de l’Académie des Sciences par Colbert qui le chargea Colbert d'établir une nouvelle traduction française du De Architectura de Vitruve.
Publiée en 1673, puis en 1684, dans une seconde édition augmentée, elle est plus qu'une simple traduction par les nombreux commentaires et notes que Perrault lui adjoignit et qui figurent en bas de page.
L'auteur participe ainsi aux débats de l'époque autour de l'architecture.
Plus encore, il y prend une part active : il conteste l'idée, venant de Vitruve, selon laquelle les proportions architectoniques seraient assujetties à des lois naturelles.
Remettant aussi en cause les mesures de l'architecture antique, Perrault incite Colbert à confier à Antoine Desgodetz la mission d'établir de nouveaux relevés des ruines de Rome, ce qu'il fera en 1674.
« The ten books of « On architecture » deal with principles of buildings in general, buildings materials, designs of theatres, temples and other public buildings, town and country houses, baths, interior decoration and wall paintings, clocks and dials, astronomy, mechanical and military engineering… The classical tradition of building with its regular proportion and symmetry and the three orders derives from this book. » (PMM).
« Le « De Architectura » ne se contente pas de donner à l’architecture antique sa définition, sa méthode, ses modèles, ses préceptes constructifs, ses machines et ses matériaux. A travers l’architecture, il définit les techniques des autres arts et de leurs ouvrages en déterminant la canonicité des proportions du corps humain pour la sculpture, ou les règles de la perspective artificielle, plus importante encore pour la peinture que pour l’architecture ; il met aussi en place les principes de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire ; en outre, Vitruve, ingénieur militaire dans les armées de César et d’Auguste, consacre tout naturellement le dixième et dernier livre de son ouvrage aux problèmes du génie militaire.
La force de Vitruve est d’avoir mis au service de cette culture romaine de la technique toutes les sciences fondamentales et appliquées de l’encyclopédie des Grecs : arithmétique et géométrie, mais aussi musique et astronomie, physique et médecine, droit et histoire…
Ainsi le De Architectura apparaît non seulement comme la source principale de la constitution humaniste de l’Art et de sa théorie, d’Alberti jusqu’à Quatremède de Quincy, mais aussi comme la ressource scientifique et méthodique des grands savoir-faire de l’âge renaissant et classique »
(Empire Et Décor: L'Architecture et la question de la Technique ..., P. Caye et D. Laroque, p.21).
Superbe exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque pour le Grand Dauphin, avec ses armoiries au centre des plats.
Louis de France -1661-1711) appelé Monseigneur, dit le Grand Dauphin, fils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche eut pour gouverneur le duc de Montausier et pour précepteur Bossuet. Reçu chevalier du Saint-Esprit en 1682, il fit quelque temps campagne en Allemagne et en Flandre mais fut tenu à l’écart des affaires par Louis XIV.
Provenance : Bibliothèques Romain de Bourges, novembre 1846, Hippolyte Destailleur et Château de Vaux le Vicomte, avec ex-libris.
