Le spectacle de la Nature

Pluche, Noël-Antoine
Paris, chez la veuve Estienne & Jean Desaint, 1732-1739.
Prix : 12 000 €

Édition originale « rapidement traduite dans toutes les langues européennes, de ce best-seller qui participe avec brio à la diffusion du goût pour l’étude scientifique au XVIIIè siècle ».

Prestigieux exemplaire royal somptueusement relié à l’époque en maroquin rouge aux armes et au chiffre couronné du roi Louis XV (1710-1774).

Paris, 1732-1739.

4 volumes in-12, maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats, armoiries royales frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, chiffre royal couronné frappé or dans les cinq entre nerfs ceint de 4 fleurs de lys, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées.
Reliure royales armoriés et ornées de l’époque.

166 x 97 mm.

Pluche, Noël-Antoine (1688-1761). Le spectacle de la Nature ou entretiens sur les particularités de l’Histoire naturelle Qui ont paru les plus propres à rendre les Jeunes-Gens curieux, & à leur former l’esprit.
Paris, chez la veuve Estienne & Jean Desaint, 1732-1739.

Édition originale des quatre premiers tomes du Spectacle de la Nature de l'Abbé Pluche imprimés de 1732 à 1739 sur le huit tomes parus jusqu'en 1750.

« Son Spectacle de la Nature, ou entretiens sur les particularités de l’Histoire naturelle qui ont paru les plus propres à rendre les jeunes gens curieux et à leur former l’esprit paraît pour la première fois en 1732, est rapidement traduit dans toutes les langues européennes et connaît un très grand nombre d'adaptations plus ou moins abrégées. Le retentissement de ce livre est considérable et on peut, à juste titre, parler de best-seller. Il suscitera un grand nombre de vocations de naturaliste.

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre scientifique mais d'une vulgarisation traitant sur un ton léger de sujets sérieux. Il participe à la diffusion du goût pour l'étude scientifique au dix-huitième siècle. »

Pluche renonça vite à l’enseignement pour se consacrer pleinement à la rédaction de son projet : l’écriture d’une vaste synthèse sur l’histoire naturelle à destination des plus jeunes, Le Spectacle de la nature.

Un « best-seller » du XVIIIe siècle.
L’ouvrage, publié entre 1732 et 1750, rencontra un succès immédiat et le premier volume fut réédité deux fois dans les six mois qui suivirent sa parution. On considère aujourd’hui Le Spectacle de la nature comme l’un des livres les plus populaires du XVIIIe siècle, plus que les œuvres de Voltaire et de Rousseau. D’ailleurs, dans son étude sur les catalogues des bibliothèques privées du XVIIIe siècle, l’universitaire Daniel Mornet raconte avoir plus souvent rencontré Le Spectacle de la nature que l’Encyclopédie ! Sans parler des éditions que l’on qualifierait aujourd’hui de pirates, l’ouvrage en huit tomes et neuf volumes compta dix-huit éditions françaises, deux éditions abrégées et de nombreuses traductions en langues étrangères. Les 212 planches, gravées en taille-douce par Jacques-Philippe Le Bas (1707-1783), en font également un ouvrage riche et agréable à consulter.

Les quatre premiers volumes comportent respectivement 18, 35, 33 et 30 planches dont une grande partie dépliantes, traitant de l’histoire naturelle, de la géographie du globe, de botanique etc.

Une des grandes originalités de l’ouvrage est d’être constitué à la fois de dialogues entre le jeune chevalier du Breuil, le comte et la comtesse Jonval ainsi que le prieur du lieu, et de lettres échangées entre les protagonistes. En effet, Pluche estimait le dialogue plus plaisant que l’exposé. Il s’en justifie dans la préface du premier tome :

[… ] nous avons essayé d’en écarter la tristesse ; & au lieu d’un discours suivi, ou d’un enchaînement de dissertations qui amènent souvent le dégoût & l’ennui, nous avons pris le style de Dialogue, qui est de tous le plus naturel, & le plus propre à attacher toutes sortes de lecteurs.

L’apprentissage est donc facilité par des dialogues à caractère pédagogique permettant une initiation aux connaissances scientifiques compilées par l’auteur. Le style est plaisant et le lecteur peut ainsi suivre une conversation faite de digressions et de longs développements sur l’histoire naturelle et la description des principaux procédés des arts mécaniques. Pour autant, l’ouvrage est structuré et suit une certaine logique. Pluche choisit par exemple de débuter son étude par les insectes, qu’il considère comme « les premiers objets qui se trouvent autour de nous ».

Pluche écrit : le but de cette entreprise scientifique est de « rendre l’esprit curieux » afin de « découvrir le beau, l’utile, le vrai ». Cette approche utilitariste place l’homme comme maître, usufruitier et destinataire du monde. Dans la préface, on peut ainsi lire :

« Tous les corps qui nous environnent, les plus petits comme les plus grands, nous apprennent quelques vérités : ils ont un langage qui s’adresse à nous & même qui ne s’adresse qu’à nous. »

Cette nature au service de l’homme, vantée par les théologiens de la nature est une nature prévoyante. Pluche prétend par exemple que la poule est un dispositif que Dieu a donné pour transformer les déchets de nos repas en œufs ou encore que les marées sont faites pour faciliter l’entrée des bateaux aux ports. Ces affirmations furent la cible de ses détracteurs et expliquent sans doute la désaffection et le relatif oubli de Pluche à qui revient pourtant le mérite d’avoir relancé en France l’étude de l’histoire naturelle en ouvrant la voie au succès de Buffon et aux célèbres scientifiques de l’Encyclopédie. Aujourd’hui moins connu que les œuvres de ces derniers, Le Spectacle de la nature a pourtant largement contribué à la diffusion des connaissances naturalistes de l’époque et à l’éducation de nombreuses familles. Il est à considérer comme une source importante de l’histoire naturelle de la première moitié du XVIIIe siècle.

Prestigieux et somptueux exemplaire royal relié à l'époque aux armes et au chiffre couronné du roi Louis XV (1710-1774).

Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV et troisième fils de Louis, duc de Bourgogne, et de Marie-Adélaïde de Savoie, né à Versailles le 15 février 1710, porta successivement les titres de duc de Bretagne, de duc d'Anjou et de dauphin (1712) ; il succéda à son bisaïeul le 1er septembre 1715, à l’âge de cinq ans ; la régence fut alors confiée à Philippe, duc d'Orléans, qui le fiança, en 1721 à Marie-Anne-Victoire, infante d'Espagne, sa cousine germaine, mais des raisons politiques firent échouer ce mariage ; le roi fut sacré à Reims le 25 octobre 1722 et déclaré majeur le 16 février 1723 ; le 5 septembre 1725 il épousa à Fontainebleau Marie-Charlotte-Sophie-Félicité Leczinska, fille de Stanislas, roi, détrôné, de Pologne dont il eut dix enfants. Louis XV reçut le surnom de Louis le Bien-Aimé, à la suite d'une maladie qui faillit l'emporter, à Metz, en 1744. Il mourut à Versailles le 10 mai 1774. Sous son règne la Lorraine avait été réunie à la Couronne en 1766 et la Corse achetée aux Génois en 1768.